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« Ne nous laissez pas seuls »

Étrangers,

mardi 19 décembre 2023


Cette phrase sur le mur.

Ces jours, la loi est donc écrite par les héritiers du parti fondé par des Waffen-SS et autres nostalgiques de l’Algérie française, des tenants d’un statut de citoyens de seconde zone, parti qui aura donc dicté ses conditions et imposé son agenda : à l’ordre du jour, la préférence nationale et le reste : et le reste, on sait ce qu’il implique, ce qu’il engendre — le bruit des bottes sur le sol pavé.

Ces jours, la phrase sur le mur résonne et grince.

Ce qu’il reste des appels aux barrages : la lâcheté de s’offrir. Dans une salle à huis clos, on décide de rendre plus indignes encore l’indigne accueil fait à ceux, à celles qui auraient le seul tort de n’être pas nées ici. Se loger et vivre ne sera plus qu’à peine possible pour eux, pour elles. Fuir son pays pour chercher ici l’asile ne sera pas seulement illégal, mais puni par la prison. On fait les poches aux étudiants : façon de les punir encore d’être seulement étrangers.

La technocratie cache mal cette fois sa vision du monde : paranoïaque et criminelle, soucieuse seulement de se maintenir et de n’être plus pour cela qu’une force de l’ordre. Le pouvoir tient d’ailleurs seulement désormais à la vigilance de sa Brav-M : et pour le reste, le bruit des bottes sur le pavé et les huis clos, des chantages au barrage pour mieux obéir ensuite à ceux qui tiennent la matraque électorale.

Ce qui bascule ces jours, on le devine.

Il manque encore des phrases sur le mur, comme celle-ci de Brecht :

Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie,
mais son évolution par temps de crise.

Le bloc bourgeois n’a jamais eu peur de confier l’ordre des temps aux puissances les plus réactionnaires pourvu que les affaires continuent. Cet affolement est aussi le signe d’un pouvoir qui sait combien ça branle dans le manche. Si les mauvais jours finiront, le ciel est chargé ce soir, et ce qui gronde au loin et qui s’approche n’est pas seulement le tonnerre, mais les voix qui manquent à cette démocratie pour accomplir pleinement son programme : celui de l’ordre pur et dur qui s’abat aveuglément sur tout ce qui n’est pas son image, son reflet, son client.

Mais gare à la revanche.