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Jrnl | Après Zarathoustra seulement

[23•12•04]

lundi 4 décembre 2023


C’est après Zarathoustra seulement que nous pouvons
« DEMANDER PARDON À NOS ENFANTS
D’AVOIR ÉTÉ LES FILS DE NOS PÈRES »

Georges Bataille, Acéphale (Chroniques nietzschéenne)


Si l’apogée d’une civilisation est cette crise qui désagrège l’existence, il est grand temps que cette civilisation bascule dans la fosse commune où l’attendent les autres, celles qui auraient voulu emporter avec elles tous les corps qu’elles ont vomis : chaque civilisation prend soin d’arracher la part de vie qui reste au moment où, pleinement accomplie, elle s’effondre de tout son poids — nous en étions là, comme toujours, quand fatalement cette fois tout semble être emporté, et pas seulement les formes de la vie, mais puisque cette civilisation avait décidé de se fonder sur la confusion de la vie et de sa destruction, le saccage de son enveloppe allait entraîner le reste, la moindre parcelle de terre exploitée comme un vulgaire travailleur et la conception de l’espace, celle du temps puis tout ce qui s’ensuit jusqu’à ce rien qui suit la pensée qui vient à celui qui découvre les lois de la chute des corps au moment où son corps percute le sol après s’être lancé depuis le dernier étage de la plus haute tour de la dernière ville qui restait après la bataille remportée.

La preuve du pudding, c’est quand on le mange, affirma celui qui dit aussi que toute religion n’est que le reflet fantastique, dans le cerveau des hommes, des puissances extérieures qui dominent leur existence quotidienne, reflet dans lequel les puissances terrestres prennent la forme de puissances supra-terrestres — et il faut tenir tout cela ensemble, comment ?

Tandis que le ciel tombait sans bruit à cause de cette lumière là-bas qui amortissait le choc, personne ne songeait à rien d’autre qu’à rentrer, qu’importe où, et, ce soir, c’était contre cela aussi que voulait dire vivre.