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VIDÉO | Fenêtres en regard, un portrait

[23·10·24]

mardi 24 octobre 2023


journal / vidéo : mardi vingt quatre octobre deux mille vingt trois



Butée des apparences : ce portrait de soi sur les façades des immeubles, ô se voir en miroir, chaque fenêtre appelle l’autre en autant de paupières baissées et une après l’autre tout un visage qui se forme et se déforme en une grimace obscène, têtu, indocile, regardant par de-là l’horizon les rayons de lumière du soleil qui frappent toujours au centre du front et ne font jamais baisser les yeux sur les désastres, les terreurs, l’effroi que suscite chaque instant l’ombre portée du réel sur chaque chose jusqu’à moi, c’est ainsi : pierres qui fabriquent pierre après pierre l’immeuble de pierres qui se dresse là pour arrêter le flux des choses, souvenirs, rêves ou désirs, façade qui ne raconte pas d’histoire, ne témoigne que des brûlures sur quoi se porte son obsession d’exister, son insistance à demeurer.

Et plus loin, ce sont d’autres fenêtres qui sont l’envers des fenêtres, trouées de lumière par où passe le ciel, non, pas le ciel, son ombre, on pourrait tendre la main dans le gouffre, c’est comme le vieux geste de Thomas dans la plaie du Christ : fouiller pour se prouver à soi que la mort n’est pas là et que ce n’est pas la vie, et c’est autre chose qu’on fouille : cela qu’on nomme Sacré et ne sera jamais à la hauteur de sa propre forme béante.

Finalement, tout à côté, je trouve l’image parfaite : fenêtre peinte sans profondeur ni surface, signe d’une fenêtre, trace sans mystère, portrait parfait de soi-même et de ce monde qui tout autour vibre encore machinalement, machine qui avance vers ses décombres tandis que le jour s’efface etque la nuit n’attend pas pour fondre sur lui, qu’elle est là déjà.