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VIDÉO | Respirer ne s’apprend pas

[23·10·25]

mercredi 25 octobre 2023


journal / vidéo : mercredi vingt cinq octobre deux mille vingt trois



Respirer ne s’apprend pas, surtout quand chaque image que nous envoie le monde suffoque, oppresse, non, respirer ne s’apprend pas, alors on pose les yeux sur les pierres comme on pose les armes, d’épuisement et de tristesse ; les pierres ne respirent pas et sont vivantes pourtant des tristesses qu’elles supportent, c’est l’énigme, c’est le secret et c’est l’image, c’est ce jour-là la forme que prenait la réalité pour abriter en elle les forces qu’il fallait pour ne pas lui céder : alors, laisser aller le regard sur les contours des pierres que dessinait la matière brute, rêche et âpre que seul possède les bords du monde et qui semblait plus désirable que la ligne faussement droite de l’horizon, oui, la matière ici laissée seule comme inerte, indifférente au vent, aux éclats, aux embruns, semblait plus désirable quand ici, elle se laissait dévorer, tandis que dansaient autour d’elle les vagues comme pour mieux désirer la désirer, traversant la surface du visible pour s’évanouir quelque part dans le brûlant et saccadé déplacement des choses qui vont mourir, et tout ce ballet écœurant, solitaire, d’autant plus spectaculaire que personne n’était là pour le voir que moi venu ici comme par hasard voir le soleil tomber — et le soleil refusait de tomber, s’accrochait encore à ses propres apparences — s’efforçait d’imposait son évidence, oui, la mer éternellement échouée, éternellement finissante, ne cessait pas de vouloir recommencer à mourir et c’en était obscène tant j’étais seul, que le monde roulant sur lui-même jusqu’à écraser mes semblables s’effaçait, s’éloignait, vague, après vague, après vague.