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Cahiers Armand Gattin°7 | « Le travail de l’Histoire »

Hypothèses sur Le Cheval qui se suicide par le feu

samedi 29 novembre 2025


Parution du numéro (septième et dernier) des Cahiers Armand Gatti consacré à l’œuvre d’un auteur dont l’excès, la clairvoyance politique et l’imaginaire sans mesure continuent de déborder nos scènes.

Le volume, dirigé par Catherine Brun et Olivier Neveux, rassemble des études qui traversent toutes les formes inventées par Gatti — théâtre, cinéma, récits, entreprises collectives —, et qui cherchent moins à refermer une œuvre qu’à en éprouver les lignes de fuite, les blessures, les puissances encore actives. Une constellation d’approches qui dit combien Gatti demeure un poste d’observation essentiel pour mesurer ce que nos temps exigent de la création et de la pensée.

J’y publie un article intitulé « Le travail de l’Histoire. Hypothèses sur Le Cheval qui se suicide par le feu ».

Le texte prend appui sur l’été 1977 — ce seuil où Gatti, au Festival d’Avignon, expose à nu les impasses politiques de son époque et la nécessité d’en reprendre les débris un par un pour leur arracher encore une direction possible. J’interroge la manière dont Le Cheval qui se suicide par le feu rassemble dans un même mouvement les figures de Makhno, la dissidence soviétique, les traces du Canard sauvage, la mort de Castor – ami katangais de Mai 68 –, et la fatigue d’un langage militant devenu stérile, pour en faire la matière d’un théâtre qui rejoue l’histoire à même la fracture du langage.

À travers le cheval, la fable du feu, les cortèges des vaincus, et le montage des récits interrompus, la pièce invente une autre manière de poser la question : que peut-on faire de l’Histoire quand elle ne répond plus, s’obstine à réduire les possibles ? L’article tente de prendre la mesure de cette scène où Gatti transforme l’épuisement en puissance d’invention, et la défaite en laboratoire d’avenir — une zone où l’Histoire, malgré tout, travaille à recommencer.