Il y a tant d'autres images, pourquoi celle-ci ? Parce que c'est l'une des rares sans corps blessés, sans la sécheresse du sang tombé, sans larmes et sans cris même muets des foules sur les photos prises sur le vif. C'est une jeune française qui...

Apr 18 -

Il y a tant d'autres images, pourquoi celle-ci ? Parce que c'est l'une des rares sans corps blessés, sans la sécheresse du sang tombé, sans larmes et sans cris même muets des foules sur les photos prises sur le vif. C'est une jeune française qui cherche son amie, April, perdue quelque part, allongée peut-être. Quelques minutes après les bruits, combien seront-ils ainsi à chercher l'autre, cherchant aussi à être rassuré, et que tout cela n'aura touché que les autres, jamais soi, jamais les plus proches de soi, n'est-ce pas ? (non, on le sait bien, que non). Mais nous, sans proches, ne cherchant rien, mais derrière nos écrans, regardant cela de si loin qu'on était seulement, ne cherchant rien à chercher puisqu'on ne connaissait, pour la plupart d'entre nous, personne, et pourtant désirants fort tendre aussi une affiche qui aurait voulu dire : tout le monde s'est-il retrouvé une fois dissipée la fumée, dites nous, tout le monde est-il encore là ? déjà sûrs que non, déjà sûrs que certains manqueraient, certains qui portent un nom et qui ne répondront plus, certains qui marcheront moins vite quand on les appellera – ce soir, je regarde de nouveau les images, sans rien comprendre de ce monde. La jeune fille porte le nom du mois passé. Cela aussi, mystérieusement, semble porter un sens profond, qui m'échappe.

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