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l’imprédictible (savoir faire la planche)

mercredi 11 septembre 2013


chercher la poignée de la porte

De l’imprédictible. Se lever sans savoir où. Ni demain, où non plus. J’évite de regarder la ville, par superstition. De regarder le ciel (de sortir dehors être dehors). Par superstition et comme un talisman, j’évite tout simplement de prendre l’habitude d’aller, de posséder des habitudes. Je ne possède rien, ici, que certains moments du jour interrompu (j’attends l’interruption comme le jour) le désir de la montagne.

De l’irrésolu. C’est toujours quand on fait un pas de côté du monde qu’on en est, immédiatement, couvert. Toujours quand on court que le monde autour s’accélère (et le retard aussi).

De la peur. Ce rêve cette nuit : une pluie de météorites sur une ville de temples grecs ; les types allongés sous les colonnes, dont on ne voyait que le ventre et les jambes, les mains aussi, qui essayaient de dégager la tête. On passait, j’étais en retard quelque part, je ne sais plus où.

De Sophocle. « Le pêcheur qui, à coups de rames, fait avancer sa barque, a son passé devant lui et son avenir dans le dos. » Mais sur lui, son propre corps, et la force de ses bras pour arrêter la barque, et s’étendre lentement, de tout son long.

De cette ville : me suis perdu en m’empêchant de regarder, colin-maillard au bord de la falaise ; quand j’ai levé les yeux (parce qu’il n’y avait soudain plus de bruit), c’était un couloir, un goulot d’étranglement, qui se resserrait. Une image de plus, image de quoi ?

De l’éblouissement. Un jour après l’autre, ne pas savoir quel jour il sera. Savoir seulement – en regardant la barque filer sur l’eau (tandis que je serai dans l’eau, en train de faire la planche) – que je suis là.