arnaud maïsetti | carnets

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je suis là

dimanche 6 août 2006


Je suis là. De ma pesanteur insignifiante je suis au monde tout comme vous. Nous partageons le poids par lequel en même temps nous faisons souffrir la terre. Nous appuyons nos pieds ensemble à sa surface et parfois même nous nous allongeons de tout notre être pour le reposer. Nos vies sont les mêmes. Voyez. Nous sommes l’ignorance dont nos prétentions sont faites. Et nous ne rechignons pas à la tâche que nous assigne le temps. Durer. Tant que dure l’instant s’y installer et le parcourir d’un bout à l’autre de sa courbe. Il nous amène à l’autre instant toujours pressenti comme si nous étions immortels. Nous sommes immortels comme si. Jusqu’au jour de notre mort c’est un fait donnons nous le pain pour se faire battre. Qui peut faire autrement. Quand le jour s’épaissit c’est toujours le noir de la nuit qui arrive – car toujours le matin sur le point de se rompre envisage le soir dans sa ligne brisée – et le noir se laisse mieux contempler que le jour. Le noir l’emporte sur la lumière comme l’eau dans le puit. C’est ainsi. Ainsi sont nos vies ; ça ne m’empêche pas d’être là. De peser comme je le peux sur la terre pour qu’elle s’écroule.