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La Ville écrite | vivement lundi

dimanche 3 septembre 2017

antiphrase
nf (an-ti-frâ-z’)

Emploi d’un mot ou d’une proposition dans un sens contraire à son véritable sens ; ainsi le mot Euménides, qui signifie bienveillantes, est formé par antiphrase.

Le nom de boeuf que le roitelet porte dans plusieurs provinces, lui est donné par antiphrase à cause de son extrême petitesse. [Buffon, Roitelet.]

SYNONYME : ANTIPHRASE, CONTRE-VÉRITÉ. Contre-vérité est plus général et se dit de toute espèce de contre-vérité, renfermée soit dans un seul mot, dans une dénomination, soit dans une proposition, dans un discours. Antiphrase se dit d’une contre-vérité réduite à un seul mot, à une seule dénomination. Ainsi contre-vérité peut se dire en place d’antiphrase ; mais antiphrase ne peut pas se dire dans tous les cas pour contre-vérité.


Quand les historiens de l’avenir regarderont, avec pitié et désinvolture, les temps qui sont les nôtres, pourront-ils y croire ? Et trouver la vérité dans le fait alternatif, la sincérité dans l’illusion, le réel dans le monde ? C’est la joie de notre époque : le vrai n’est pas seulement un moment du faux, mais son possible à chaque instant, son contenu et sa tension, ce qui le constitue de part en part. Ainsi nous vivons dans le paradoxe du Crétois : ami, Épiménide ment ou dit la vérité : peu importe, ce qu’il dit est faux, même s’il dit la vérité. (Voilà un paradoxe qui n’en est pas un). Quand les archéologues du futur se pencheront sur l’inscription à demi effacé du café et qu’ils liront à grande peine dans la poussière : Vivement lundi, ils s’essuieront les mains d’abord, pousseront un soupir ensuite, consigneront la phrase dans le lourd registre des vestiges anodines, et rêveront autour du mot antiphrase qu’ils ne comprendront pas. Nous, nous sommes la veille d’un lundi qui vient toujours fatalement après chaque dimanche.


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