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La Ville écrite | Sage

dimanche 28 janvier 2018


Le sage transforme sa colère de telle manière que personne ne la reconnaît. Mais lui, étant sage, la reconnaît. . . parfois.

Michaux, Poteaux d’angle


Sagesse de la colère : celle qui dessine sur les murs ces formes de lettres impeccablement rageuses, celle qui le fait avec toute la tranquillité de la nuit, celle qui domine l’intempestif, celle qui sait qu’elle ne sait pas vraiment où conduira tant de sagesse, celle qui est au moins certaine d’une chose : la colère est parmi lui.

Sagesse qui fait écrire son nom : SAGE, comme un nom, qui inventerait un verbe ici crié à l’impératif – et plutôt que d’hurler sois sage comme à un enfant –, SAGE pour ne rien tempérer, donner l’ordre de lâcher toute cette féroce puissance qui ravage.

Non pas sage pour savoir, pour dominer, pour se calmer : pour être sage. Sage pour être tout le contraire, pour penser la sagesse contre elle-même, et pour la lâcher comme un cri.