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Colloque Nantes | Atelier international de recherche & création « scène Europe - Europe sur scène »

mercredi 14 février 2018

Serai demain et pendant trois jours à Nantes pour participer à l’Atelier international de recherche & création « scène Europe - Europe sur scène »,organisé par Karsten Forbrig, Bénédicte Terrisse, Lisa Kargl (CRINI, Université de Nantes), Geneviève Barillier, TU-Nantes, et Laetitia Perrin, Alliance EUROPA

J’y parlerai des scènes déchirées de l’identité dans le théâtre de K. Warlikowski.


Le programme

Ma proposition

Scènes déchirées de l’Europe
Krzysztof Warlikowski, passer par le théâtre


[/Vous, les Français, vous avez en commun une façon de vivre, une cuisine, un art... Nous, nous sommes des paysans du kolkhoze. Nous n’avons rien. Même l’Église ne nous garantit rien sur le plan spirituel. Nous avons une Histoire, dites-vous ? Certes, mais elle fait de nous des victimes. Allez ! Assez de plaintes !
K. Warlikowski
/]

L’œuvre du metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski ne cesse d’interroger l’Europe, son histoire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et même au-delà, puisant dans ses mythes fondateurs, sacrés et politiques, les images capables de la nommer, de l’envisager, de la dévisager. Un territoire unique aux peuples multiples, où d’un même geste, la Grèce — son berceau fantasmatique — aurait fait naître d’un même geste démocratie et théâtre, où la guerre mondiale fut largement une guerre civile européenne, un rituel de « sacrifice » aussi, selon les mots de Warlikowski. En somme, l’espace tragique par excellence : vieux monde au destin en partage travaillé à la fois par un instinct d’unification et par des pluralités identitaires irréductibles.

Espace déchiré — déchirure qui ne peut exister qu’au sein d’un même tissu — dans lequel le théâtre de Warlikowski travaille et qu’il travaille, en tant que tel : déchirure des identités (nationales, culturelles, sexuelles…), déchirure des consciences et des corps, déchirure qui semble la dramaturgie politique de cette scène.

Ses derniers spectacles surtout, en s’émancipant du texte dramatique — depuis (A)pollonia — tissent ainsi un dialogue rageur avec les refoulés et les impensés de l’Europe, son identité et ses devenirs. Mais loin d’illustrer ou de documenter l’Histoire, les spectacles de Warlikowski tâchent de trouver des lignes de fuite : son théâtre, parce qu’il se fonde dans le corps d’acteurs aux identités aberrantes, pourrait proposer une singulière contre-Histoire, capable de venger l’histoire peut-être, ou au moins de trouver par le théâtre des réponses à ses tragiques apories.

« Le vrai mystère est insondable, et rien n’est caché. Il n’y a rien à expliquer… Il a été dit que la logique de cette Histoire est une logique de rêve. Tu te sens perdu dans le labyrinthe ? Ne cherche pas la sortie. Tu ne parviendras pas à la trouver… La sortie n’existe pas. Là où la sortie n’existe pas, il faut passer par le théâtre. »