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Hypothèse #4 | de sa catastrophe

paradoxe(s)

samedi 15 janvier 2022

Pour ébranler une hypothèse,
il ne faut quelquefois que la pousser aussi loin qu’elle peut aller.

Diderot


Paradoxe de l’hypothèse : la suivre dans sa pleine vérité conduit à sa destruction — il en serait ainsi des hypothèses comme de nos vies : à chercher à les accomplir, à vouloir de toute force les vérifier, on ne trouverait que les raisons qui les rendent caduques, ou impossibles. On aura épuisé en elles ce qui fondaient leur désir.

Logiques de la catastrophe : le pire est qu’elle n’arrive pas. Il n’y aurait alors, au lieu des hypothèses, que la vérité pure du monde, la ville où la nature est un square et le calme garantie par la violence, les caméras de surveillance et le vide ; on rêve de mers épaisses qui recouvriraient cela, en finiraient enfin avec l’angoisse générale — mais quand on ouvre les yeux sur le rêve, les cadavres flottent à la surface, et nous sommes l’un d’eux.

Conduire l’hypothèse jusqu’à ce qu’elle ne soit plus une hypothèse : mais une folie furieuse, ou une réalité à venir, qui s’impose : qui exige d’être autre chose qu’une hypothèse, mais la réalité où les rêves ne charrieraient pas que des cadavres.