arnaud maïsetti | carnets

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marge de bruit

lundi 29 juin 2009

Loin du bruit du monde, ce qui partout s’étend, c’est précisément le bruit retenu de son absence, le bruit qu’on dirait parti, le monde déserté de la présence de ce qui, tous les jours, le fonde cependant. Loin du monde en somme, ce sur quoi on marche, c’est cela — ce bruissement qui s’estompe. En arrière de soi, cette puissance de sens qu’on isole de son propre corps.

Prendre forme de ses propres pas, marcher au-devant de ce qu’on sait être inépuisable : la fatigue, la blessure même, l’envie de ne plus marcher qui recommencera l’envie de marcher à nouveau, le lendemain. Loin du bruit du monde, ce qu’on rejette dans le dos, comme un soleil contre lequel on va, ombre de soi qu’on piétine et qu’on rejette, un pas après l’autre, devant soi, c’est soi-même comme part de ce bruit.

Quand on revient, le bruit crache plus fort ces moments de folie qui constituent sa raison d’être.