arnaud maïsetti | carnets

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adresses

jeudi 2 juillet 2009

Hier et aujourd’hui, faire face à la même obsédante évidence - et sur des plans si opposés, trois conversations qui ne cohabitent pas - mais cependant : avoir dû tenir les mêmes propos, hier et aujourd’hui, trois fois, sur trois sujets différents : se tenir à la fin à un point d’intersection à chaque fois semblable, et posé trois fois différemment. C’est que quelque chose fraie, sans doute, et malgré moi - impossible de contourner cette question.

Hier, d’abord, c’était sur ce livre, et nous n’étions pas d’accord - adresse de l’écriture pour toi trop affectée, et pour moi si nécessaire, si évidente pour justifier (et j’ai pensé : pour légitimer) le livre.

Hier encore, le soir, rencontre (et avec elle, celle d’un travail) : question que je pose, que je me pose, sur la possibilité d’écrire le nous qui ne soit pas inclusif : de dire tu sans effraction, dire tu sans qu’il soit alibi, ailleurs, et faute de mieux, de pire : rare que je trouve, dans le poème, une telle justesse de l’adresse (et tu as un livre d’Aragon dans ton sac, que je m’en irai acheter, le lendemain).

Aujourd’hui, enfin, quand je dois exposer mes recherches, le commencement, je le trouve sans peine, mais quand je dois parler ensuite des horizons et des fins, c’est encore sur la question de l’adresse que je me retrouve, ou me perds ; adresse que je confonds alors, sciemment, avec l’éthique.

Du récit, du poème, du théâtre, trois fois la même question posée à distance, et devant moi, trois fois la même réponse : ou plutôt, trois fois la même direction prise par la question, mais qui revient, qui sait les chemins détournés pour mieux revenir.