arnaud maïsetti | carnets

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marches de la foule

jeudi 1er juillet 2010



All the people I like are those that are dead (Felt, ’Forever Breathes the Lonely Word’, 1986)

Maybe I Should entertain / The very fact that I’m insane
I wasn’t fooling when I said / All the people I like are those that are dead

(fou-l’) s. f.
6° Presse qui résulte d’une grande multitude de gens, et, par suite, cette multitude elle-même.
7° Le vulgaire, le commun des hommes. La foule ignorante et capricieuse.
8° Par extension, grand nombre.


Foule compacte, même pas qui arrête, même mouvement — mais nulle trace de corps qui les porte, juste autour d’eux la chaleur épaisse de leurs bras ; des vivants jusqu’à preuve du contraire, qui vont.

Foule sans visage : dans le contre-jour, foule emportée à sa tâche de foule, à sa petite besogne de foule allant, marchant comme une foule, foule de vivants pas encore morts.

Foule dense et non-peuplée, parce que, dans la foule, je ne vois pas de déplacements, les foules sont remplacées par d’autres foules, la ville à la même place ne bouge pas sous leurs pas ; sexe bâti sur cette immobilité.

Foule sans dépôt : en moi, de la colère avant toute chose — et pour cela, préfère l’impair : comme il faudrait hurler au milieu d’eux (c’était dans le rêve avant-hier : courir en hurlant des mots à soi-même terrifiants, mais personne dans la foule rassemblée dans le magasin ne disait rien ni ne regardait, une foule d’Œdipes rois sans couronne (ni fleur))

Foule dans les cimetières : enfin. Les foules invisibles et horizontales ; les foules meubles, poreuses à la pluie, incandescentes, riches comme du fumier sous le terreau qui se dresse et renouvelle le monde. Les foules de ce pays-là n’ont pas besoin de manifester leur désaccord pour dire — ainsi où l’on va, ainsi ce qui passe et demeure : ainsi ce qu’on refuse.