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Agostini & Liron | Chaque œuvre cherche après ce qui la fonde

mercredi 1er septembre 2010


Huitième texte dans la collection Arts et Portfolio de publienet que je coordonne avec Jérémy Liron :
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Le huitième ouvrage de la collection portfolio (en un an d’existence) présente quelques aspects du travail du peintre Philippe Agostini : des toiles, en atelier ou en exposition, et un texte de Jérémy Liron qui les mettent en perspective. Si les tableaux parlent pour eux-mêmes, possèdent une évidence qui échappe autant à la figuration qu’à leur description, l’échange qui se noue entre J. Liron et les œuvres de P. Agostini tient autant d’une interrogation sur la nature de ce travail que d’une relation à elle, relation critique et, faut-il le dire, affective.

C’est qu’il s’agit ici de deux peintres, et que le regard porté par Liron est nécessairement celui d’un artiste plongé aussi dans ce travail avec/contre la matière, la ligne, la figure — de là le frottement de deux regards (l’un regardant, l’autre regardé : mais selon quel point de vue ?) qui font fonctionner la peinture comme pratique, et non pas seulement comme objet clos, discipline définitivement énoncée par ceux qui se prétendent seuls dépositaires de son histoire.

Ainsi le texte, travaillant de l’intérieur la question posée aux toiles (ou élaborée par elles), dépasse-t-il de loin le strict cadre qu’il se donne au début pour traverser, à travers Agostini, un questionnement plus global sur la nature du geste pictural : c’est alors toute une puissance du signe peint qui se donne lire — une tentative de généalogie sans origine de la figure, en tout cas, sans origine déterminée, puisant dans l’origine mouvante, archétypale, immanente, tout un foisonnement de lignes surgies pour celui-là même qui les composent. Ce qui se dessine deviendrait à la fois une confluence entre jonction des origines et appel à l’inconnu au-devant de soi : sujet plié dans la matière qu’il constitue, qui le constitue.

Si Jérémy Liron appelle à lui la pensée, décisive sur ces questions, de Deleuze, c’est à Michaux qu’on pense aussi — cette épaisseur de signes indéchiffrables dont on se met en quête et qu’on ne fait que prolonger, vie dans les plis.

Jérémy Liron, au centre de son texte, rencontre la figure du nœud pour rejoindre les toiles de Philippe Agostini : le nœud comme notion propice à nommer ce qui se joue dans le rapport à la toile et au monde qu’elle envisage — et à notre tour, lecteur, de considérer le nœud de cette relation, de se placer dans ce nœud-là du livre, entre une écriture et un geste, celui de nommer et celui de peindre, sans que l’un ne préexiste à l’autre.