arnaud maïsetti | carnets

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(la direction)

mercredi 30 septembre 2009

Monde de pierres, c’est un monde répandu comme des pierres, qui tranchent ; ce sont mille pierres tranchantes semées devant les pas, et qu’à traverser la ville, on n’en éviterait pas une seule, c’est ce que je me disais en rentrant.

On pourrait essayer de mettre le moins de corps possible entre soi et les pierres ; ou on pourrait se faire léger, comme des danseurs la pointe des pieds à peine posée sur le sol, et pour une seconde à peine. Ou on pourrait rester en haut, comme ils font, dans les immeubles éclairés, grand salon avec vue sur le destin des foules, et juger.

Aucune ruse ne tient, quand soudain elle s’arrête et enlève ses chaussures pour marcher sur les pierres des rues, paume des pieds offertes aux accidents des marches, et c’est d’un pas plus sûr qu’elle fait désormais rouler la ville derrière nous.

Autour, les façades s’allument quand la nuit monte ; les pierres dans la bouche qui disent les mots qui valent le poids de tranchant sur la peau, on se perd encore plus pour ne pas avoir à retrouver (la route, le silence qu’elle dispose aux environs) le sens de tout ce qui manque, derrière le pas nu qui derrière moi trace la direction.

Max Richter, "From 553 W Elm Street, Logan, Illinois (Snow)", 24 Postcards In Full Colour, 2008