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La Ville écrite | interdictions (les lois de l’enjambement)

dimanche 13 novembre 2011


Interdictions de la ville : énoncées pour le seul plaisir de les contourner, peut-être. Sur la route des Grands Moulins, ce duo posé sur l’interdiction, l’un à côté de l’autre, et pour la seule beauté du geste, on dirait – seulement parce que le panneau l’interdit, à cet endroit précis. Non, l’interdiction n’aura pas été apposée dans la journée, précisément pour eux : mais c’est comme si l’interdiction avait appelé son défi. Image qui déborde son cadre – sous le signe qui l’interdit, le geste qui souligne sa vacuité ; là où on désigne l’impossibilité du monde, c’est là même qu’on le crée, joyeusement : c’est là peut-être seulement où sa fabrication est seule possible ? En passant, avec le sourire de celui qui assiste à ces contre-lois qui dérèglent sans le renverser l’ordre tranquille du monde, je pense à l’enjambement, moi qui n’ai jamais fais de l’illicite une valeur suffisante. Je pense à l’enjambement, qui franchit mais établit un autre équilibre, une autre loi, propre à son rythme interne. Tout contre la grille, des lois s’inventent à l’envers de la loi énoncée du dehors. Tandis que sur ma gauche, pendant cette seconde de rêverie inutile qui fit presque ma journée, coule la Seine.