arnaud maïsetti | carnets

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de chaque Monade

vendredi 24 février 2012


[…] Et comme une même ville regardée de différents côtés paraît tout autre et est comme multipliée perspectivement […],

Au passage de la lumière, je me demanderai sans fin si je suis celui qui l’interromps ou si je deviens son passager, éphémère et transitoire – alors je passe, deviens malgré moi celui qui l’intercepte, même si je préfère croire que je suis un peu sa diffraction sur la peau de ce qui m’entoure,

[…] il y a comme autant de différents univers qui ne sont pourtant que les perspectives d’un seul […]

derrière moi les freins du train chantent lentement quelque chose et viennent le déposer auprès de moi pour que je le prenne : les gens en bas qui vont emportés par leurs valises traversent la lumière comme des corps éventrés d’une ville à l’autre peut-être, passent, je passe aussi, mais moi je suis le ventre et je suis le corps ouvert entre eux, et la main de tendresse qui écarte les cheveux sur le front comme un rideau dans le vent et l’ouverture la plus lente des choses recommencées pour cela, ou parce que je suis le mouvement des choses non parce que je le suis mais parce que je le désire pour toujours,


[…] selon les différents points de vue de chaque Monade […]

et parce que je ne suis de tout cela guère que l’air qui vibre entre deux mouvements, comme entre deux corps celui qui appelle l’un par son nom l’autre par son absence ; quelque part mon lit est étendu de tout son long dans une chambre que je viendrai habiter seulement pour écrire sur elle : il y a des cartons encore posés, il y a des livres aux murs comme des toiles fermées, il y a des lettres que je posterai demain et tous les autres jours, il y a des billets de train que je n’ai pas compostés, il y a des pièces éparpillées en moi, il y a des morceaux de ciel qui passent dans le corps pour ne laisser que de la lumière, celle qui tranquillise les voyageurs, celle qui me fait passer d’une ville à l’autre, celle que j’aspire de toutes les terminaisons de mon être pour dire : cela, que je passe, ne fais que passer, emprunte les correspondances, sachant que je ne les rendrai jamais