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respire marche pars va-t’en (la douceur infinie)

mardi 22 mai 2012


il y a des cris de sirène qui me déchire l’âme
là-bas en Mandchourie un ventre tréssaille encore comme un accouchement
je voudrais
je voudrais n’avoir jamais fait mes voyages

Paris, ce n’est pas vrai, je ne voudrais jamais n’avoir jamais fait ces voyages, Paris dans le même temps usé des choses, là, Paris là sous le brouillard, pas besoin de percer les nuages pour atterrir, c’est dans le nuage même que l’avion ce matin posé a fait revenir à moi l’heure d’ici, mais où est désormais l’heure juste, laissée quelque part peut-être au bord de cette eau, square de la douceur infinie, l’aube réglée sur l’aube précise où mon corps serait à son heure, entre deux heures toujours je resterai là comme entre deux portes, et le vent dehors qui bat, les pluies d’ici, et les rues d’ici semblables dans mes souvenirs à mes souvenirs qui devant moi déjà commencent à m’attendre, mais quand je lève la tête (lève la tête),

les nuages sont les mêmes, et le temps et la pluie, et la ville partout, dehors, une ville hérissée de cheveux défaits trempés jusqu’à l’os, et moi marchant la fatigue sur toutes choses comme le poids abattu de deux semaines passées à traverser les villes neuves, et la mer et les fleuves, et les rues hautes d’autres villes encore, et la langue, neuve aussi, et les révolutions dans les yeux comme à la poitrine, que se libérer de la nausée d’ici n’est pas le fait de l’avion, alors pénétrer dans la ville comme son froid entre dans le corps, pas le choix pour lui survivre et aller, lever la tête pour déceler le bleu de la mer, ou du fleuve, et le goût salé de la mer dans les yeux, non, pas le choix, seulement je sais que derrière quelque chose me précède qui pourrait être la lumière, du ciel bleu, et la couleur du ciel bleu quand on s’en va à l’inverse de la marche du soleil, que l’avion de l’ouest traverse en est vers le lever au moment où il se couche, oh, comme cela forme des couleurs mais il ne faudra rien en dire, seulement faire des voyages à jamais pour croiser cette lumière croisée qui dit la fin des voyages, et qui dit aussi : tu ne sais pas si tu reviens ou si tu pars,


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