« Il y a un fatigué qui arrive chez un autre fatigué, et il lui dit d’entrer, il reste près de la porte, il est fatigué et c’est aussi un homme fatigué qu’il accueille. La fatigue qui leur est commune ne les rapproche pas, comme si la fatigue devait nous proposer la forme de vérité par excellence, celle que nous avons poursuivie sans relâche nous donne vie, mais que nous manquons nécessairement le jour où elle s’offre précisément parce que nous sommes trop fatigués. »
Maurice Blanchot (’L’Entretien (...)
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_cheveux
Articles
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pour décrire la fatigue
9 juillet 2011, par arnaud maïsetti -
terrifiance
17 août 2011, par arnaud maïsettiFear Of Flying (The Auteurs, ’After Murder Park’, 1995)
You may be wary of ghosts of the past / Sexless and incorrigible in the dark / They’re making an ariel map of abuse / All of the a-roads leading to home
Et en même temps le regard de Minos, Éaque et Rhadamante (regard dans lequel je plongeai mon âme dépouillée, comme dans un inconnu où plus rien ne la protégeait) me fut jeté sévèrement par des messieurs qui, peu versés peut-être dans l’art de « recevoir », portaient le titre de « chefs de (...) -
solstice intérieur
22 décembre 2011, par arnaud maïsettiToi que la nuit constellée enfante en s’éteignant,
Au jour le plus court, moi terrassé de la ville, jette un dernier regard au dernier jour éclairé en moi du temps passé à l’épuiser – toujours au solstice d’hiver cette sensation en moi : rétraction de toutes choses au dedans du corps qui signe la concentration extrême du temps : chaque seconde éprouvée en son entier, oh si rare cette sensation, et de douleur, l’épuisement du temps, briser le sablier découlé accéléré comme si la peau était une main tendue (...) -
Sit tibi terra levis (je veille)
5 février 2014, par arnaud maïsettiCe sont de grandes pluies, sur fond de ciel complètement évanoui, entre nous et lui quelque chose qui appartient à la déchirure, et le long d’elle s’écoule la peine qu’il faut pour la rejoindre, comme des larmes sans cesse, sur fond d’aucune tristesse — cette phrase que j’entends pour la première fois, comme une émotion comme éprouverait pour la première fois :
« La douleur est comme une souffrance qui n’a trouvé personne pour la vivre »
Je marche le long de cette pluie, et à travers elle et sur elle, (...) -
sur les parois de mon ombre
8 décembre 2011, par arnaud maïsettiUne grande jetée de lumière sur toute la route d’Opéra jusqu’au Batignolles recommence à écrire en moi la possibilité de la lumière, de la route et de l’écriture – oui, la route quand elle n’obéit à aucune direction que moi-même marchant, traversant la profondeur des choses, l’intuition vive de la vitesse, l’angle de rue pris soudain dans sa violence peut-être, mais sans aucun reniement, l’évidence surtout imposée comme avant de tomber le saut, celui qui renoue, à quoi, à quelle origine posée devant moi ; la (...)
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quel passeur – pour quelles rives ?
14 août 2011, par arnaud maïsettiApres Moi (Regina Spektor, ‘Begin To Hope Rock’)
Be afraid of the lame / They’ll inherit your legs / Be afraid of the old / They’ll inherit your soul
XLII And they are gone : ay, ages long ago These lovers fled away into the storm. That night the Baron dreamt of many a woe, And all his warrior-guests, with shade and form Of witch, and demon, and large coffin-worm, Were long be-nightmar’d. Angela the old Died palsy-twitch’d, with meagre face deform ; The Beadsman, after thousand aves told, (...) -
regards de Saint-Sébastien
29 août 2011, par arnaud maïsettiAll Saints (David Bowie, ’Low’1977)
« Et les archers le frappèrent jusqu’à ce qu’il soit recouvert de flèches comme un hérisson est couvert d’épines » Legenda Aurea
Des images de Calvaires, j’en compte près de trois cent. Au hasard, je trouve ce Saint-Sébastien, au visage qui transperce, le regard vide posé avec douceur sur la vieillesse du monde. Je m’arrête un peu devant lui, avec le sentiment incompréhensible que l’on se situe, ici, de l’autre côté de ce regard.
La vie de ce saint est manquante, comme (...) -
quand je fondais la terre (l’arbre de vie)
27 juin 2012, par arnaud maïsettiWhere were you when I laid the foundations of the Earth, when the morning stars sang together, and all the sons of God shouted for joy ?
« Où étais-tu quand je fondais la terre […] alors que les étoiles du matin éclataient en chants d’allégresse et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie ? »
(Livre de Job, chapitre 38-4)
Poussé en moi dans mes dérives, l’arbre : au bout de cette marche loin dans les quartiers de la ville, au sud, à l’ouest, là où il n’y a rien que des grandes tours (...) -
orgueil du silence
25 août 2011, par arnaud maïsettiMary of Silence (Mazzy Star, ’So Tonight That I Might See’, 1993)
Help me walk with you, / To the sky that we see / Shuddering in myself, in-my-self
Il n’y a pas de solitude orgueilleuse parce qu’il n’y a pas d’orgueil solitaire. L’orgueil ne peut vivre que s’il gît sous la présence (ou l’absence, qui est encore une présence tant que quelqu’un est là pour la constater, la nommer) de regards, même imaginaires ; ce sont les visages qui rendent orgueilleux et qui soulèvent le pauvre orgueil sur lequel on (...) -
la ville Narcisse (et, loin, les roseaux tremblés)
11 juin 2013, par arnaud maïsettiRegret des bras épais et jeunes d’herbe pure ! Or des lunes d’avril au cœur du saint lit ! Joie des chantiers riverains à l’abandon, en proie aux soirs d’août qui faisaient germer ces pourritures.
Qu’elle pleure à présent sous les remparts ! l’haleine des peupliers d’en haut est pour la seule brise. Puis, c’est la nappe, sans reflets, sans source, grise : un vieux, dragueur, dans sa barque immobile, peine. Je pense à Narcisse, et je crois qu’il y avait des roseaux à travers son visage déposé sur son (...) -
le monde n’a pas fini (finalement)
31 décembre 2012, par arnaud maïsettice ne peut être que la fin du monde, en avançant — depuis combien de temps la phrase de Rimbaud m’accompagne, je ne sais pas, depuis toujours sans doute : mais l’origine aussi a ses commencements (seulement, le propre de l’origine, c’est d’avoir commencé avec son oubli) : et pourquoi, oh pourquoi. Peut-être parce que plus que ma vie, c’est la bascule de cette virgule qui m’importe le plus, peut-être parce que j’ai choisi, un jour (je me souviens bien, du ciel ce jour précisément), j’avais choisi que je (...)
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le temps aura passé (comme une déchirure)
19 août 2013, par arnaud maïsettiNoyer le présent. Nous sommes les poissons de l’air.
Georges Perros, Papiers collés
Dans l’air, la possibilité arrêtée de ce qui va venir, la possibilité des autres qui autour s’éloignent, il est si tard, le matin n’a déjà plus dans le ciel trace de lune ou d’étoile, un seul nuage posé justement entre moi et le soleil, fatalement, arbitrairement, cette phrase qui se laisse écrire pour laisser croire qu’il n’y aura qu’une seule phrase, qu’un seul moment pour la fixer alors qu’elle est venue de si loin, de (...) -
midi quotidien
8 septembre 2011, par arnaud maïsettiDaily Routine (Animal Collective, ’Merriweather Post Pavilion’, 2009)
Perdre le Midi quotidien ; traverser des cours, des arches, des ponts ; tenter les chemins bifurqués ; m’essouffler aux marches, aux rampes, aux escalades ; Éviter la stèle précise ; contourner les murs usuels ; trébucher ingénûment parmi ces rochers factices ; sauter ce ravin ; m’attarder en ce jardin ; revenir parfois en arrière, Et par un lacis réversible égarer enfin le quadruple sens des Points du Ciel. […]
Victor Segalen (...) -
les vents de l’orgueil, peu apaisés (crépuscules)
8 juillet 2012, par arnaud maïsettiM’éloigner de vous ! Il m’importait trop, par exemple, de vous entendre un jour répondre en toute innocence à ces questions insidieuses que les grandes personnes posent aux enfants : « Avec quoi on pense, on souffre ? Comment on a su son nom, au soleil ? D’où ça vient la nuit ? » Comme si elles pouvaient le dire elles-mêmes ! Étant pour moi la créature humaine dans son authenticité parfaite, vous deviez contre toute vraisemblance me l’apprendre.
André Breton, ’Lettre à Écusette de Noireuil’ (L’Amour (...) -
le cercle qui m’est assigné
18 janvier 2012, par arnaud maïsettiNe pas écrire chaque jour, cela ne veut pas dire que chaque jour, on n’écrit pas – je demeure incapable de ne pas composer mentalement des phrases sur tout ce dehors que je vois ; cet apprentissage long de naître à soi dans le dehors ouvert comme une plaie. L’appareil photo est un stylo tenu ainsi à bout de bras qui me permet d’écrire, même dans ces jours où tout fuit, où ne pas guérir d’une crève qui insiste, où il n’y a plus que les heures après minuit, comme celles-ci, pour — heures qui ne sont plus (...)
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le sabbat dans une rouge clairière
6 mars 2012, par arnaud maïsettiallonger le corps dans la flaque, jusqu’au réveil ou jusqu’au sommeil (est-ce différent : ce que je viens rejoindre est mon propre rêve où que j’arrive) ; inventer des voyelles aux couleurs, voire leur inventer des mots entiers, et des livres entiers pourvu que je puisse les porter sur mes épaules jusqu’à cet endroit de l’être où ils seront à l’abri, je ne sais pas
et je danse encore,
et dans le rouge, plonger mes mains pour les blesser encore, peut-être de n’être pas de cendre je suis, tailler aux (...) -
mes fantômes, plus désirables
12 août 2011, par arnaud maïsettiBack Of Your Head (Cat Power, ‘Moon Pix’, 1998)
Stands alone in most walks of life / Walks alone in most walks in life
… devant cette photographie jaunie dans son cadre de peluche ai-je jamais pu me glisser, tarot mêlé au jeu du rêve, entre les feuillets de mon lit sans songer au jour où — sans âge comme un roi de cartes — familier comme le double gracieux des bas-reliefs d’Égypte — plat comme l’aïeul sur fond de mine de plomb, à la belle chemise de guillotiné, des albums de famille — désossé comme ces (...) -
Koltès | Hamlet monologues
29 janvier 2012, par arnaud maïsettiDeux monologues - réécritures Hamlet, le théâtre et la vie.
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la dune — vestiges d’un désir
14 mai 2011, par arnaud maïsettiLa Plage (Yann Tiersen, ’Les Retrouvailles’ 2005)
… que tu te déplaces alors ou non
sur l’enjambée
la hauteur ici
reprend.
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… plage
du plus haut
comme
sans qu’ici le vent ait à reprendre souffle
moi-même arrêté.
André Du Bouchet, Ici en deux in ’Poèmes et proses’
Longue plage de temps et d’espace morts à atteindre comme l’endroit le plus reculé du monde : reculé, c’est le mot, puisqu’à chaque pas que l’on fait pour monter dans le sable, on (...) -
La Ville écrite | mon nom, sous le pont
29 avril 2013, par arnaud maïsettidreemeur