4 avril 2020
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_Journal | contretemps
Articles
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la mort, mais pas celle-ci
4 avril 2020, par arnaud maïsetti -
dans la matière réfractaire que je suis
8 mai 2020, par arnaud maïsetti8 mai 2020
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ville après usage
17 août 2010, par arnaud maïsettiAssis sur un meuble informe, je n’ai pas bougé mes membres depuis quatre siècles. Mes pieds ont pris racine dans le sol et composent, jusqu’à mon ventre, une sorte de végétation vivace, remplie d’ignobles parasites, qui ne dérive pas encore de la plante, et qui n’est plus de la chair. Cependant mon coeur bat.
Lautréamont The Trees (Max Richter — ’The Blue Notebooks’ 2004) Étrange de marcher dans une ville qu’on a lue si souvent — ici ou là. Là aussi. Le souvenir inventerait presque à chaque pas la rue (...) -
prendre le chemin perdu dans la forêt des signes
24 octobre 2017, par arnaud maïsettiNous sommes deux abîmes face à face – un puits contemplant le Ciel.
Pessoa Cette image du chemin de fer dans la forêt qui me poursuit – l’image, et non pas le chemin de fer, même si dans le rêve, un train lancé lentement venait me rejoindre, et me traverser, sans douleur –, comment la comprendre autrement que comme un signe, jeté en désespoir de cause ?
Lire Pessoa ce soir, pour arrêter les pensées, accable : aucune phrase n’est juste, ce soir. Je lis Pessoa toujours comme un oracle : le livre ouvert (...) -
passe à travers les larmes
13 octobre 2018, par arnaud maïsetti13 octobre 2018
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manque de carnage
5 décembre 2010, par arnaud maïsettiGreen Gloves (The National, Boxer, 2007)
L’ennui : manque de carnage. Dans les bonnes époques, il est une préparation. Henri Michaux (Passages, Notes au lieu d’actes’
Je me frotterais bien aux angles durs de cet immeuble, histoire de voir ce qu’il restera de ma peau, et de mes maladies, de mes langages trop souvent usés, histoire de voir ce qui sortira vivant en tout cas ; et si rien, je comprendrais, mais je n’accepterais pas.
D’ennuis en ennuis (je veux dire : d’habitudes en habitudes), il (...) -
la nuit n’est pas (ce que l’on croit)
25 mai 2019, par arnaud maïsettiAinsi ce doute éternel de l’immortalité de l’âme qui affecte les meilleurs esprits se trouvait résolu pour moi. Plus de mort, plus de tristesse, plus d’inquiétude. Ceux que j’aimais, parents, amis, me donnaient des signes certains de leur existence éternelle, et je n’étais plus séparé d’eux que par les heures du jour. J’attendais celles de la nuit dans une douce mélancolie.
Nerval, Aurélia
It’s almost like you’re not afraid of anything I do / How I want you here
You don’t know what it’s like to be around (...) -
c’était marcher
16 octobre 2016, par arnaud maïsettiLa crevaison pour le monde qui va. C’est la vraie marche. En avant, route !
Rimb.
Bob Dylan, Ain’t talkin’ (Modern Times, 2006) Seulement marcher – c’était, dans le contre-jour en descendant la Canebière, le mouvement, l’allure, l’aveuglement aussi, et la pulsation : face au jour qui s’effondrait de si haut, brûler ces jours. En fins de semaine, se retourner sur les causes d’un dimanche est toujours décevant : lundi, mardi, mercredi et fatalement jusqu’à cette ombre-là jetée devant soi comme un (...) -
ne serait-ce qu’implorer son rêve,
22 avril 2020, par arnaud maïsetti22 avril 2020
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le dessein des villes
26 octobre 2010, par arnaud maïsettiOther Towns and Cities (Camera Obscura, ’My Maudlin Career’ [2009])
Ce que je crois – sans pouvoir alléguer de suffisantes raisons à cette croyance – s’énoncerait donc ainsi : le péché qui fit (et défit) l’enfance dispose de tous les mots sauf d’un seul pour tenter de se dire. Mais, parce qu’il est un mot qui manque, l’absence mine la phrase. Et la phrase ne peut se développer que d’une manière oblique et allusive, élaborant lentement ses circonlocutions, gyrovaguant à l’infini autour de son point de (...) -
le cercle qui m’est assigné
18 janvier 2012, par arnaud maïsettiNe pas écrire chaque jour, cela ne veut pas dire que chaque jour, on n’écrit pas – je demeure incapable de ne pas composer mentalement des phrases sur tout ce dehors que je vois ; cet apprentissage long de naître à soi dans le dehors ouvert comme une plaie. L’appareil photo est un stylo tenu ainsi à bout de bras qui me permet d’écrire, même dans ces jours où tout fuit, où ne pas guérir d’une crève qui insiste, où il n’y a plus que les heures après minuit, comme celles-ci, pour — heures qui ne sont plus (...)
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ce qui commence maintenant
27 mai 2011, par arnaud maïsettiBlack Road Shines (The Apartments, ’The Evening Visits... And Stays For Years’, 1985)
Froid Dis-je Noir dis-tu Pour dire à l’unission Des dieux d’ombre,
Mais pourquoi ne pas dire Rouge et feu Les sûrs garants de la nuit Piliers de l’hiver Au porche de l’obscurité ?
André Pieyre de Mandiargues , Ruisseau des solitudes, ’Rébellion’
Je toucherai bien la fin de la ligne : aller mettre un terme à ce qu’il faudrait désirer — comme cette journée fut longue, de tant de jours et de semaines ou presque : mais (...) -
monocordes
28 février 2011, par arnaud maïsettiAdagio For TRON (Daft Punk, ’Tron : Legacy’, 2010)
MONOCORDE (mo-no-kor-d’) s. m.
1° Terme de musique dans l’antiquité. Instrument à une seule corde, en usage chez les Grecs, qui en jouaient en promenant sous la corde un chevalet mobile et pinçant la partie libre.
2° Instrument sur lequel il y a une seule corde tendue et divisée suivant certaines proportions pour connaître les différents intervalles des tons. Les monocordes, appelés aussi clavicordes.... sont fort agréables quand on les joue tout (...) -
la levée (où le soleil s’est pendu)
16 avril 2013, par arnaud maïsettiLes yeux quand on les plonge dehors, la première fois de la journée. On ne pleure pas, c’est seulement la lumière. Comment on réapprend à marcher, aussi. Il n’y a personne encore. Il est tôt. C’est la rue lavée des matins dans nos villes, l’eau sale qui emporte tout dans les rayures minuscules des trottoirs, sans bruit. Les journaux, partout, déjà. Tout le ciel blanc qui prend place au-dessus de la ville ; la terre que je piétine peut-être, comment savoir, c’est trop de route. La route, elle, ne conduit (...)
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généalogie des masques
12 octobre 2020, par arnaud maïsetti12 octobre 2020
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le sabbat dans une rouge clairière
6 mars 2012, par arnaud maïsettiallonger le corps dans la flaque, jusqu’au réveil ou jusqu’au sommeil (est-ce différent : ce que je viens rejoindre est mon propre rêve où que j’arrive) ; inventer des voyelles aux couleurs, voire leur inventer des mots entiers, et des livres entiers pourvu que je puisse les porter sur mes épaules jusqu’à cet endroit de l’être où ils seront à l’abri, je ne sais pas
et je danse encore,
et dans le rouge, plonger mes mains pour les blesser encore, peut-être de n’être pas de cendre je suis, tailler aux (...) -
à quai
15 octobre 2010, par arnaud maïsettiI might float (Syd Matters, ’BrotherOcean’, 2010)
Combien, ô voyageur, ce paysage blême Te mira blême toi-même, Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées Tes espérances noyées ! Paul Verlaine, Romances Sans Paroles (Ariettes oubliées, IX) (Mai, juin 1872)
Suis resté à quai — impossible de prendre le train ce matin : Paris est séparé de moi par une longue grève de sable et de ballast fins — complets, ou annulés, ou plus accessibles à la réservation, les trains me sont décidément interdits : (...) -
le geste de Diogène (accepter)
1er novembre 2013, par arnaud maïsetti« La seule vertu, sous les latitudes forestières, c’est l’acceptation. »
(Sylvain Tesson) On raconte — c’est parce qu’on ne sait pas vraiment — que Diogène souvent s’arrêtait face à une statue à Athènes, et toute la journée immobile tendait la main : on lui disait : mais que fais-tu ; il répondait, avec sa voix que j’imagine terrible et douce : j’apprends le refus.
On raconte — et sans doute on invente — que Diogène ainsi retournait le regard des passants ; aujourd’hui, on croit Diogène s’exposer par avance (...) -
mes fantômes, plus désirables
12 août 2011, par arnaud maïsettiBack Of Your Head (Cat Power, ‘Moon Pix’, 1998)
Stands alone in most walks of life / Walks alone in most walks in life
… devant cette photographie jaunie dans son cadre de peluche ai-je jamais pu me glisser, tarot mêlé au jeu du rêve, entre les feuillets de mon lit sans songer au jour où — sans âge comme un roi de cartes — familier comme le double gracieux des bas-reliefs d’Égypte — plat comme l’aïeul sur fond de mine de plomb, à la belle chemise de guillotiné, des albums de famille — désossé comme ces (...) -
les voltigeurs et puis quoi
1er mai 2019, par arnaud maïsettiAu reguard de fanfarer et faire les petits popismes sur ung cheval, nul ne le feit mieulx que lui : le voltigeur de Ferrare n’estoyt qu’ung cinge en comparaison.
Rabelais, Garg. I, 23.
On apprend à se servir de nouveaux mots. Aujourd’hui, j’ouvre la radio, et celui de voltigeurs apparaît, simplement prononcé par ceux qui ont la parole comme si c’était un mot comme un autre, comme si c’était un mot acceptable et possible, et tranquille, comme si ce n’était pas un mot qui disait les coups qu’on donne (...)