Lundi dernier, arrivée à Avignon écrasé de chaleur ; cinq jours après, trouver le temps de poser en soi les images de la ville – on a beau s’y attendre, savoir à l’avance les rues pleines et les murs couverts, les cris, les ahurissements des foules devant tout ce qui fait spectacle en hurlant davantage ou plus doucement, les heures creuses comme avant la curée, et la ville partout débordée comme un ventre trop plein, c’est toujours l’épuisement immédiat, l’écœurement vague, la distance radicale et (...)
Accueil > Mots-clés > _Catégories > _Journal | contretemps
_Journal | contretemps
Articles
-
Avignon, journal du débord : l’arrivée
18 juillet 2015, par arnaud maïsetti -
à l’inespéré
6 septembre 2017, par arnaud maïsetti6 septembre 2017
-
d’aller au-devant (pensées contre les dépôts de bilan)
26 décembre 2013, par arnaud maïsettiDans les boucles de la musique, la voix ne cesse de dire les mêmes mots, ce ne sont pas les mêmes pourtant (To sleep is not even an option, Then I could use a little action, If you dare appear once more, If you dare appear once more), dans ces boucles je passerai le reste de la journée et tant pis si le jour tombe, moi non.
Je pourrais bien faire comme si c’étaient des jours comme les autres — autour c’est le temps mort des fins d’année où rien ne peut commencer, où tout attend que le temps (...) -
comme si la clarté ne valait pas le vague
24 juin 2020, par arnaud maïsetti24 juin
-
autoportraits
21 décembre 2009, par arnaud maïsettiOmbre portée de soi — à bout de bras sans doute — par les murs qui dressent la ville de froid tout autour. Ombre à distance de toute reconnaissance et dont la lumière du soir seule détient les lois de l’écart, de la hauteur, de la profondeur peut-être.
Sur la surface d’un miroir, on ne reconnaît de son visage que ce qui fait défaut : c’est qu’on se heurte toujours au plein des formes, jamais au visage extérieur qui est celui de son rêve.
Alors, je choisis au hasard les murs et place mon corps en travers (...) -
ces feux à la pluie
25 novembre 2010, par arnaud maïsettiRainstorming (Birdy Nam Nam, ’Birdy Nam Nam’, 2005)
Les brasiers, pleuvant aux rafales de givre. — Douceurs ! — Ces feux à la pluie du vent de diamants jetée par le cœur terrestre éternellement carbonisé pour nous. — Ô monde ! A. Rimbaud (Illuminations, ’Barbare’)
En transparence, la ville se laisse pénétrer par la lumière noire du matin, et la découpe des tours au loin est rayée, de bas en haut, ou de haut en bas, tant le vent réorganise le sens du monde dehors.
Je suis le savant au fauteuil sombre. (...) -
c’était marcher
16 octobre 2016, par arnaud maïsettiLa crevaison pour le monde qui va. C’est la vraie marche. En avant, route !
Rimb.
Bob Dylan, Ain’t talkin’ (Modern Times, 2006) Seulement marcher – c’était, dans le contre-jour en descendant la Canebière, le mouvement, l’allure, l’aveuglement aussi, et la pulsation : face au jour qui s’effondrait de si haut, brûler ces jours. En fins de semaine, se retourner sur les causes d’un dimanche est toujours décevant : lundi, mardi, mercredi et fatalement jusqu’à cette ombre-là jetée devant soi comme un (...) -
dans le vent avenue de france à découvert (Si sur ce rivage, ici, mes empreintes)
23 avril 2013, par arnaud maïsettibien avant que je passe, ici, aucun vent, et moi maintenant dans le vent, qui passe, et rien autour de moi que l’avenue de france, les yeux comme sous la pluie quand on ne peut les ouvrir, les fermer ; et à travers moi, un vent plus grand encore, et il ne pleut pas,
dans les feuilles des arbres, aucune feuille, et dans le vent, avenue de france à découvert, des immeubles (pas ceux-là) qui tiennent droit, comment font-ils, moi je penche, et le sol penche avec moi, alors on ne se rencontre pas, (...) -
entre les tours
21 octobre 2011, par arnaud maïsettiDes corps irréels, tendus sur l’arrière fond de ce monde comme une toile peinte sur les théâtres fabriqués jadis pour les histoires. Mais l’histoire est passée, on n’en connaît plus. À la place, on construit des grandes villes qu’on ne sait pas habiter. Décors fabuleux, mais dont la fable est cette rêverie intérieure qu’on jette sur ces tours, et qu’on formule malgré elles, pour mieux les entendre, ou mieux les voir. Laideurs objectives des quartiers d’affaires qu’on transforme par le biais du regard en (...)
-
et tomber (le vieillard mélancolique)
5 mai 2014, par arnaud maïsettiJe te revois encore, ombre qui passe à travers des ombres, et qui brille un instant d’une lumière funèbre et inconnue, et qui entre dans la nuit ainsi que se perd le sillage d’un navire dans l’eau que l’on cesse d’entendre. Pessoa
et sous mon ombre je glisse dans le jardin des plantes ouvert en deux par moi, les allées sous le ciel s’ouvrent aussi, et le corps et l’esprit en deux parts égales, et le passé et chaque minute, et ce jour lui-même, et je pense : demain est-il un autre jour ? — je me revois (...) -
du désespoir d’écrire
6 septembre 2011, par arnaud maïsettiLong Haired Child (Devendra Banhart, ‘Cripple Crow’, 2005)
Maybe when it’s day, it’s cold, and I know for certain / When I go outside and my head started hurtin / I’m gonna want that child to be a long-haired child
Peut-être cet effroi que j’avais – qu’ont tant d’autres – de coucher dans une chambre inconnue, peut-être cet effroi n’est-il que la forme la plus humble, obscure, organique, presque inconsciente, de ce grand refus désespéré qu’opposent les choses qui constituent le meilleur de notre vie (...) -
comme d’un mort son visage
4 octobre 2010, par arnaud maïsettiDeath to birth (Michael Pitt, ’Last Days’)
Narcisse fut heureux, mourant sur la fontaine, Abusé du mirouër de sa figure vaine : Au moins il regardoit je ne sçay quoy de beau.
L’erreur le contentoit, voyant la face aimée : Et la beauté que j’aime, est terre consumée. Il mourut pour une ombre ; et moy pour un tombeau. Ronsard, Sur la mort de Marie
N’approcher cela qu’avec la plus infime prudence ; on risquerait plus que soi. Ne parler ni du mort ni du visage, ni de ses dernières paroles, ni des (...) -
dans l’éloignement
25 juillet 2011, par arnaud maïsettiLe silence, c’est quand personne n’écoute, disait (à peu près) Réjean Ducharme (lecture de mes lointains) – et quand on est soi-même la personne qui parle et ne peut écouter ?
Je me maintiens dans l’éloignement maintenant – quelques jours ; revenir sans doute au prochain croisement, c’est ce que je me dis chaque jour : ce jour durera un peu plus.
Accablé de musique (lignes (aventure de) droites, effilées, les unes sous les autres), et de routes, cette semaine – alors, ces pages de mes carnets laissées (...) -
scènes d’un théâtre mental
13 mai 2011, par arnaud maïsettiAu théâtre s’accuse leur goût pour le lointain. La salle est longue, la scène profonde. Les images, les formes des personnages y apparaissent, grâce à un jeu de glaces (les acteurs jouent dans une autre salle), y apparaissent plus réels que s’ils étaient présents, plus concentrés, épurés, définitifs, défaits de ce halo que donne toujours la présence réelle face à face. Des paroles, venues du plafond, sont prononcées en leur nom. L’impression de fatalité, sans l’ombre de pathos, est extraordinaire.
Henri (...) -
ces jours présents
4 mars 2020, par arnaud maïsetti4 mars
-
dans le désir et la volupté
4 janvier 2011, par arnaud maïsettiSorrow (The National , ’High Violet’, 2010) L’HOMME : continue, faisant un geste en direction des tombes ce ne sont pas des bêtises ils ont vécu et maintenant ils sont là maintenant ils sont morts maintenant il ne reste plus rien de la plupart d’entre eux bref silence ils n’étaient rien rien du tout puis il y a eu deux êtres humains qui allez savoir comment dans le désir et la volupté en tout cas oui il y a eu deux êtres humains qui il s’interrompt, regarde une tombe peut-être y-a-t-il eu un homme (...)
-
faire brèche
11 décembre 2018, par arnaud maïsetti11 décembre 2018
-
à mains nues (le vieil homme et la moto)
4 novembre 2014, par arnaud maïsetti« La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé. »
Presque oublié l’odeur de la ville après la pluie. Dimanche, pas un souffle de vent — mais depuis lundi, partout dans le ciel ; la grue sur le chantier d’en face à l’arrêt, drapeau déchiré dans tous les sens. Et ce bruit sur le sol chaque seconde de la nuit, irrégulier et toujours plus fort, toujours plus proche. Des rêves à ce rythme-là, mal accordés aux rythmes du corps — des rêves de combats qui vont et viennent, d’une seconde arrêtée au milieu du (...) -
comme la vie est lente
16 juin 2017, par arnaud maïsetti16 juin 2017
-
issue du ciel (planter un arbre)
20 août 2013, par arnaud maïsettiNous manquons de témoin, et qui est pur le matin, tel qu’il le souhaite et qu’on le souhaite, ruine cette pureté le soir par dégoût d’être quoi que ce soit sous le soleil et sous la lune.
Georges Perros
Le ciel est sans issue, nous en avons la mémoire mais où commence la route ? On a construit des villes de plain-pied avec le sol, quelle erreur, quel échec. Il aurait fallu creuser plus haut dans le ciel, c’était pourtant simple à comprendre.
Le vieil homme, seul assis sur ce trottoir, sa vieille (...)