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A. Bashung | Par la porte entrebaillée
dimanche 7 février 2010

Happe, Alain Bashung ("Dimanches à L’Élysée [live]"), 2009
ça ouvrirait de l’autre côté sur un couloir qui s’enfoncerait loin, qui prendrait la forme de la lumière en bas, du noir qui creuse. ça ouvrirait simplement, comme dans nos plus beaux livres d’avant, sur chaque mot l’un à la suite de l’autre, et le monde plus grand soudain, appelé.
Les vents de l’orgueil
Peu apaisés
Peu apaisés
Une poussière dans l’œil
Et le monde entier soudain se trouble
Une porte posée là, recouverte de sable, enfoncées depuis quand par les traces de pas — je ne sais pas. J’en fais le tour. Je ne manque pas un grain de sable. Une porte dressée à l’horizontale, à peine une poignet.
Comme quand tu faisais du zèle
Comme quand j’te volais dans les plumes
Entre les dunes
Sur la plage, pas un qui n’ait un regard pour la porte ; pas un. On préfère la mer, se tourner vers elle et qu’en attendre ? Sans doute on se trompe d’horizon. Je me penche.
Peu à peu tout me happe
Je me dérobe je me détache
Sans laisser d’auréole
Les cymbales les symboles
Collent
On cherche les signes — on les traque partout à la surface du sol, et ce qu’on trouve : son ombre, quelques uns de nos pas mélangés à la foule, et des crevasses minuscules dans lesquels on n’arrivent même pas à tomber. Et une porte, donc.
Comme quand tu faisais du zèle
Comme quand j’te volais dans les plumes
Entre les dunes
Quand le soleil tombe, c’est de lourdeur, bien sûr, et c’est à force de l’avoir fixé dans les yeux, tous ces gens ce soir d’hiver qui se retrouvent au bout de la terre, au lieu reculé où rien derrière. Et ils repartent après. Mais qu’ont-ils vus.
Par la porte entrebaîllée
Je te vois pleurer
Des romans-fleuves asséchés
Où jadis on nageait
Porte sur laquelle j’aurais bien frappé, mais peur qu’on m’ouvre, oui ; alors, longtemps me tenir à ses pieds, et rester immobile.
Dans la tête, une chanson qui ne me laisse pas, qui se penche en moi vers le sol, et de toute sa main se saisit de la poignée, ouvre la porte.
Peu à peu tout me happe
Je me dérobe je me détache
Sans laisser d’auréole
Les cymbales les symboles
Collent
On se rappelle
On se racole
Peu à peu tout me happe
Messages
1. par la porte entrebaillée, 7 février 2010, 20:57, par jsene
Sur cette autre plage, ce morceau de maison, poli par les vagues, aujourd'hui rocher
Et un jour, dans combien d'années, galet ? Une maison dans la paume de sa main.
Plus tard encore, grain de sable bien sûr, poussière, molécule.
Et toujours: souvenir. Et dans tous ces autres galets, quels souvenirs ?
2. blockhaus du Cap, 7 février 2010, 22:59, par fbon
vieux compagnons...
Voir en ligne : TL
3. Par la porte entrebaillée, 14 février 2010, 17:17, par Elise
Ce signe sur le sable, souvenir d’un jeu, on ajoutait le toit, c’était une maison, il fallait réussir le dessin sans lever son crayon.
Ce mur de galets, le gave est proche, il fait encore un peu sombre, souvenir de promenades partagées dans l’enceinte du parc du Château.