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Amsterdam #1 | et d’abord se perdre longtemps
Premier jour
mercredi 22 janvier 2014
Cinq jours à Amsterdam, comme c’est peu pour comprendre. J’aurais tâcher d’arracher des images sur ses murs, voilà tout. Maintenant qu’il faut les écrire, je n’ai pas l’impression d’y faire retour — au contraire ? Du premier jour, je n’ai retenu aucune des rues, aucun des trajets que j’ai essayés en vain d’élaborer. Seulement dans l’attente que la ville ne commence vraiment, deux jours plus tard, se tenir là, pour la préparer en moi. Je dépose ces images comme de la fatigue sur un lit.
à travers la pluie, le train qui traverse d’autres pluies, s’éloigne (je m’éloigne avec lui)
sur la surface de ce temps-là, coulent vers Charleroi les fugues, vers Bruxelles, vers plus haut encore les villes noires et grises et blanches.
nom de gare qui désigne le centre là où est le nord de la ville — le centre est l’endroit où arriver, ensuite j’irai chercher les marges où seront le centre véritable du centre-ville
hôtel Rembrandt — perspective nette sur horizontalité brute, pas de ciel, seulement la butée du jour
vite s’échapper de l’hôtel, et au pied les canaux les vélos les ponts, la pluie qui ne tombe pas vraiment, qui est là parce qu’elle est toujours là, qu’elle reste
place du Spui — Pierre Michon ouvert à l’écran, que j’écrirai en regardant tomber ce qui ne cesse de tomber (la pluie et la nuit mêlée avec le soleil loin en arrière du temps)
la nuit noire d’encre, de poix, de brûlure froide et humide — je pose mon corps au milieu de la ville
et se perdre longtemps à traverser en tous sens les ponts (il y en a tellement plus que trente-et-un)
parfois qui se dresse un corps immobile et muet qui attend qui regarde
qui tremble
ici l’odeur de la bière et de la drogue, ici les bruits des canaux et des langues incompréhensibles, si belles de l’être
cette lecture ce soir-là, cette page là précisément d’Amsterdam qui lui appartiendra
sur le lit dans la chambre, la Bible, en néerlandais, anglais, allemand — j’ouvre une page au hasard (au commencement était le verbe — s’y effondrer)