Milan #2 | La città scritta

À ciel ouvert, lire la langue illisible hurlée contre la ville elle-même, sa violence : inscriptions tracées à la hâte par de jeunes mains qui tentent de venger la violence de cette vie en la recouvrant d’une autre, plus vivante, plus rageuse, comme si le manque de soin des grafs parmi la rigueur austère des édifices relevait aussi de la colère ; désinvolture qui semble dire : je ne vais pas non plus m’abaisser à consacrer plus de temps que cela à cracher sur vous, vous n’en valez même pas cette peine.

Grafs incompréhensibles en lutte avec une lutte dont j’ignore tout : déposer ici cela aussi pour cette raison, et pour la longue peine à les déchiffrer, pour tous ceux que je n’ai pas vus et ceux que j’ai pris pour des lettres véritables et sensées, et que je n’ai pas emportés avec moi.

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