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Paracas et Ballestas | Sur quoi veille le candélabre
Érosions, incisions
mercredi 16 avril 2025

De Lima à Paracas, la route s’étire, longue et grise, entre le Pacifique sans éclat et des Andes qui s’effacent dans sa brume. On suit les traces des conquistadors sur les pistes où s’est enlisé leur soif avant qu’ils ne tournent main gauche vers les montagnes où se cachait l’Inca. Le désert avale l’horizon à grande bouchée. Des villages surgissent, s’effacent, éparpillés en mirages. À El Chaco battu par le vent, les étals débordent de souvenirs pressés : chapeaux de paille, cartes postales, céramiques bon marché — éclats figés du passé à peine glorieux. Au crépuscule, la lumière incendie les collines ; les ombres dessinent, sur les roches, les motifs funéraires des Paracas disparus qui dansait autrefois pour le soleil qui devaient sous leurs cris tomber, et il le faisait.
Depuis le port, on prend la mer. Le bateau file, entre deux vagues. Très vite, se détache sur la falaise l’immense candélabre tracé dans la roche, haut de plus de cent mètres. Personne ne sait vraiment pourquoi, comment : signe de pirates, repère des étoiles, totem ? Il veille lui-même sans plus le savoir.
Plus loin, les îles Ballestas. Rochers noirs couverts d’oiseaux : fous de Bassan, pélicans, sternes, et manchots du Pérou tassés entre les lions de mer avachis. L’air lourd de sel et de guano, la mer blanche d’écume, et partout, le cri aigu des oiseaux. Monde brut à la frontière du vivant et de la pierre.

































































