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Paul Claudel | « La forêt où chante le vent qui chasse »

Il n’y a personne que moi ici

dimanche 21 juillet 2013



Phrases arrachées à Tête d’Or, de Paul Claudel
Autour & au-dessous de l’arbre


Il n’y a personne que moi ici. Et il me semble que tout
L’air brumeux, les labours gras
Et les arbres et les basses nuées
Me parlent, avec un discours sans mots, douteusement. [...]


Vers quelle plage blêmissante de l’air lèverai-je la bouche qui respire ?
— Sache que je ne suis point seul.
— Qui as-tu donc avec toi ?
— La voix de ma propre parole. [...]


Debout parmi l’espace, nous avons à chaque main le noir,
la mélancolie de la terre.
Voici ce que pourrait dire le jeune homme qui, comme un roi détrôné, la tête passée à travers un sac, reste immobile, les yeux hagards,
Et dont le vent, comme une femme folle, s’amuse avec les cheveux,
Et qui contemple sans comprendre l’ouverture du jour,
Empli de chuchotements comme un arbre mort :
La foule des hommes vains qui s’interrogent et combattent, parlent et agitent les yeux. [...]


La forêt où chante le vent qui chasse. [...]


Mais je suis comme un homme sous terre dans un endroit où on n’entend rien. [...]


Chaque génération d’hommes germant du champ maternel en sa saison
garde en elle un secret commun, un certain noeud dans la profonde contexture de son bois. [...]


Mais un arbre a été mon père et mon précepteur. [...]


Et j’ai rencontré cet arbre et l’ai embrassé, le serrant entre mes bras comme un homme plus antique. [...]


C’est tout seul que je suis sorti de la protection de tes branches. [...]


O murmurant, fais-moi part de ce mot que je suis dont je sens en moi l’horrible effort !
Pour toi, tu n’es qu’un effort continuel, le tirement assidu de ton corps hors de la matière inanimée. [...]


La Terre inépuisable dans l’étreinte de toutes les racines de ton être,
Et le ciel infini avec le soleil, avec les astres dans le mouvement de l’année. [...]


O branches maintenant nues parmi l’air opaque et nébuleux. [...]


N’as-tu rien appris sous cet arbre de science ? [...]


J’ai erré comme une lueur.
Il faut que je m’élève comme une flamme enracinée.