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Harry Pollard, nos visages premiers
[portraits anciens du nouveau monde]
vendredi 20 octobre 2017
Visages d’hommes et de femmes du monde perdu : nos visages du monde perdu ; nos mondes quand, perdus, ils prennent visage sur des regards qui demeurent.
Les Premières Nations portent avec elles le secret de ce qui nous dépossède de toute idée de primauté, de nation. Face à ces visages, c’est notre sauvagerie qui en retour nous paraît immense, terrible, insoutenable. On soutient ces regards pour cela. Pour leur beauté aussi, nette et sans délai. Une beauté comme dans les souvenirs les lectures d’enfance.
L’Alberta est tout à l’ouest de l’Ouest, dans le nord canadien qui ne devrait porter que le nom d’un nom perdu aujourd’hui, inouï. En 1910, Harry Pollard vient d’avoir trente ans quand il se rend là, pour s’emparer de ces visages : ceux des Tsuu T’ina. Ils ne sont alors que quelques centaines – portent avec eux l’histoire d’un peuple effacé et de ses contes, de ses langues, d’une histoire qu’on ne saura jamais.
Aujourd’hui, ils sont quelques centaines sur toute l’Alberta à vivre dans des réserves dont le mot même est une abjection, une insulte.
Ces hommes et ces femmes étaient nomades et chassaient sur toute la surface de la terre à l’ouest l’ouest lui-même. Dans leurs yeux peut-être le dépôt de tout ce que nous ne serons plus, par quoi nous sommes liés.
Martin Horses of the Kainai Nation
Old Tom, Tsuu T’ina Nation
Martin Breaker, Nakoda Nation
Red Leggings
Chief Duck
Big Belly, Tsuu T’ina chief.
Betty Hunter, Nakoda Nation.
Running Antelope, Tsuu T’ina shaman.