arnaud maïsetti | carnets

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étrangers

dimanche 6 août 2006


Passe l’étrange sentiment que je suis moi d’un continent autre. Et de ma voix s’écoule cette certitude. Elle n’est plus séparée de la conscience que j’ai d’être moi. D’un continent si minuscule et lointain qu’à peine il me revient à la mémoire comme un fil. Je suis moi issu de la nuit des temps. Quand j’entends ma voix écrire le silence qui partout accable et désoriente je saisis une boussole et le nord et le sud s’écarte pour laisser place au continent étrange d’où moi je suis natif. Passe ce sentiment et rien d’autre ne le remplace que l’ignorance. Dans le vide laissé par ce sentiment se loge précisément le vide. Non pas l’oubli. L’oubli est de même nature que le souvenir – traces au lieu d’empreintes, mais cela revient au même. Non pas l’oubli mais vague et étrange trou. Etrange puisqu’il ne m’appartient pas. Je ne le reconnais pas. Nullement. Béance mystérieuse et évidente de mon origine mythique, voilà mon histoire.