arnaud maïsetti | carnets

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nocturne # 2

jeudi 17 juillet 2008


Je traverse des couloirs vides les uns après les autres, passe entre des murs croulants plus ou moins larges, un marron gris presque ocre tapisse partout le plâtre effiloché ; les plafonds tombent par endroits, il faut éviter de trébucher sur les pans de murs effondrés qui jonchent le sol. Soudain, en tournant le coin d’un couloir plus large qu’un autre, comme un attroupement, mais silencieux, et attendant là sans bruit : une file d’hommes, costumes et chapeaux, et comme devant un magasin fermé attendant l’ouverture, attendant comme chez le médecin son tour d’y passer, mais debouts, immobiles, silencieux ; attendant - des dizaines d’hommes, l’un derrière l’autre, ou presque, et jusqu’au bout d’un couloir dont précisément je ne vois pas le bout. En quinconce, ces hommes attendent comme un rendez vous. Une salle d’attente interminable déborde jusque dans le couloir ; où commence la file – je ne vois pas de porte où il s’agirait d’entrer. Je voudrais interroger l’un d’eux mais rien ne sort de ma bouche ; les silhouettes ne bougent pas, ne parlent pas, se tiennent debout ; attendant, demeurant, respirant là sans doute depuis des heures l’attente qui se prolonge ;