le diable autour du feu
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Anticipations
(an-ti-si-pa-sion) s. f.
Nom féminin : Action de se projeter dans l’avenir, de se représenter les résultats attendus d’une action cognitive et/ou de stratégies à mettre en œuvre pour y parvenir. Anticiper sur les temps, sur les faits, donner à un fait une date antérieure à la véritable."Se refusant à dissocier l’art de la vie, ni de l’amour la connaissance, la poésie est action, elle est passion, elle est puissance, et novation toujours qui déplace les bornes. L’amour est son foyer, l’insoumission sa loi, et son lieu est partout, dans l’anticipation."
Saint-John PerseAprès une première édition de 7 textes en janvier 2008, et une version augmentée portée à 24 textes (avec photographies) en janvier 2009, le travail sur des fictions brèves d’anticipation se poursuit et une troisième édition est disponible aux éditions publie.net portant le texte à 39 récits brefs.
Voir la présentation du texte dans ces carnets, ou directement sur publie.net pour se le procurer.
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anticipations #25 | Nuits de Walpurgis
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anticipations #37 | Passer de l’autre côté
Texte de l’automne 2011.
Reprise hiver 2013 — pour ce mot d’ordalie.
Le recueil Anticipations, aux éditions publie.net Ils le faisaient en fermant les yeux désormais. Personne ne savait où cela avait commencé, ni comment — suite à quel pari stupide, au bout de quelle nuit plus triste et plus brûlée qu’une autre au désœuvrement de quel bar. Mais dans chaque ville, il y avait toujours un type pour dire, avec force détails, que c’était lui, lui le premier, et qu’il avait fait ça sans raison (ou avec (...) -
anticipations #51 | se venger
c’était se venger qu’il fallait
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anticipation #50 | dans la salle d’attente
Dans la salle d’attente — chacun un endroit où attendre, qu’on vienne les chercher et leur dire s’ils peuvent encore vivre, ou non. À l’accueil, j’ai donné ma date de naissance, la seule trace de mon identité, pour qu’on puisse dire que c’est moi, et que je puisse dire : c’est moi, quand ils viendront me chercher. Au juste, j’aurais pu mentir, dire une autre date.
C’est un lieu anonyme, la raison pour laquelle on vient, ici. Devant ma date de naissance, on essaie de plaisanter, inutilement, bienveillance (...) -
anticipation #49 | virginités
reprise des hostilités
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anticipation #17 | L’Effondrement
Le soir, ne reste plus qu’à faire le compte, rien d’autre.
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anticipation #48 | rejoindre (le pont)
C’était rejoindre qu’il fallait, rejoindre coûte que coûte — peu importait le reste : le reste, on le laissait dans le vide qu’on enjambait, sans un regard. Rejoindre, il ne fallait pas davantage que ce mot. Quel pays, quelle terre de quel lointain ? Rejoindre suffisait ; on ne demandait rien de plus.
De grands mouvements soudain sur tout le continent : c’étaient quelques voitures d’abord, puis des centaines. On s’était passé le mot si vite — et le mot, c’était seulement : rejoindre, on part (...) -
anticipation #47 | langue morte
« Nous marchions dans la langue hostile »
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anticipation #46 | le rêve de nos pères
Ce n’était pas là le rêve que nos pères avaient fait pour nous. Partout, les mêmes villes de géants étendues sur des pays entiers, des guerres interminables, sans soldat, sans cause, sans mort visible. Des vainqueurs sans victoire, et des vaincus sans sépulture. Des dates qui ne servaient que pour des commémorations. Des chiffres qui établissaient des comptes, mais les colonnes des profits et des pertes changeaient sans cesse. Les livres, eux, n’apparaissaient dans aucune colonne. Non, ce n’était pas (...)
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anticipation #45 | Les maisons empêchent de voir la ville
Les maisons empêchent de voir la ville. C’est un vieux proverbe. Personne aujourd’hui pour s’en souvenir. Personne qui sache encore le sens de la phrase. Et personne non plus pour essayer de voir la ville, de ne trouver que des maisons, et de dire : les maisons empêchent de voir la ville.
Bien sûr on sait encore les lieux, les chemins qui y mènent sont encore visibles. Bien sûr, il y a dans les livres, des pages entières sur ces villes, mais c’est justement celles qu’on passe rapidement pour (...) -
anticipation #44 | Babels intérieures
« C’était atteindre un point intérieur qu’on avait cru impensable jusqu’alors et où tout serait révélé »
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anticipation #43 | stades où crier
Des cris que la ville poussait plus haut qu’elle, et des endroits où elle se rassemblait pour cela, il ne restait que de la poussière entreposée au milieu des ruines, rien d’autre.
Lorsqu’on se retrouvait devant ces monuments, on ne savait pas s’il fallait entrer ou rester dehors. Au juste, où résider le monument, et où ce qui l’entourait : s’il fallait regarder les courbes, juger des hauteurs, ou pénétrer dans l’enceinte pour voir les gradins, ou la fosse — non, on ne savait pas au juste devant quoi on (...) -
anticipation #42 | corps mystique du livre
By this art you may contemplate the variation of the 23 letters… The Anatomy of Melancholy, part 2, sect. II, mem. IV Ce contre quoi on s’était épuisé en luttes et discussions eut finalement lieu, simplement, rapidement, définitivement. On avait beau crier encore au scandale ou au miracle, personne n’avait plus la maîtrise de la situation — c’était comme en plein ciel assister à la naissance des nuages, les uns tentant de battre des mains pour les attirer, les autres de souffler pour les repousser. (...)
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anticipation #41 | ne pas détruire
Il n’y a pas de « catastrophe environnemental » Il y a cette catastrophe qu’est l’environnement. L’environnement, c’est ce qu’il reste à l’homme quand il a tout perdu. […] Il n’y a que nous pour assister à notre propre anéantissement comme s’il s’agissait d’un simple changement d’atmosphère. Pour s’indigner des dernières avancées du désastre, et en dresser patiemment l’encyclopédie. […] Tant qu’il y aura l’Homme et l’Environnement, il y aura la police entre eux. Comité invisible, L’insurrection qui vient
Au (...) -
anticipation #33 | les prisons
Lu (et plutôt vu) ce matin, terrifié, cette vidéo sur la Prison Valley, à Canon City, Colorado..
Si je remonte ce texte écrit à l’automne, c’est une manière d’y répondre : répondre aussi de ce mouvement qui m’a fait écrire ces textes — moins pour inventer des histoires que pour essayer de les rejoindre.
La fin du monde, en avançant, disait-il — oui mais en avançant, on ferait le tour du mur avant de se retrouver devant le même mur ; et pourtant nous-mêmes, oui, on s’en serait sans doute éloigné…
Voir la (...) -
anticipation #38 | tout le reste
À propos de ces fameux trois milliards d’êtres humains, dont on fait une montagne : j’ai calculé, moi, qu’en les logeant tous dans des maisons de quarante étages — dont l’architecture resterait à définir mais quarante étages et pas un de plus, cela ne fait même pas la tour Montparnasse, monsieur — , dans des appartements de surface moyenne, mes calculs sont raisonnables : que ces maisons constituent une ville, je dis bien : une seule, dont les rues auraient dix mètres de large, ce qui est tout à fait (...)
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anticipation #35 | pays de propriétaires
Dans cette ville, on était toujours chez les autres : la propriété privée avait mordu rapidement en dehors des murs, sur le trottoir, et jusque dans les rues. Quand on se retrouvait dehors, c’était toujours à marcher dans les terres de quelqu’un ; impossible de trouver refuge hors de ce monde.
Les maisons n’avaient plus suffi à tracer la frontière de la propriété privée, et on avait suivi le mot d’ordre un peu partout — un pays de propriétaires, on en avait tiré des programmes politiques, et certains (...) -
anticipation #34 | les champs
Un matin comme un autre, ni plus froid ni plus clair qu’un autre, ni moins désirable, un matin aussi blanc qu’un autre et aussi rongé, comme les doigts d’une main, par le soir qui avance déjà sur lui,
un matin en somme aussi fatal que le matin de la veille, et aussi incertain que celui du lendemain, un matin destiné à compter le même lot de morts et de naissances, prêt à endosser sa charge de deuil, son lot de souffrance,
ce matin lancé dans la hâte de porter plus loin jusqu’à la nuit son poids de (...) -
anticipation #32 | messages
Sur nos messageries électroniques, c’était d’abord un courrier par jour, on le lisait d’un œil distrait, on n’était pas concernés ; la plupart du temps, on le supprimait sans le lire. Les premiers, on les avait ouverts par curiosité : en-tête officiel et objet pompeux, le message venait d’en haut ; l’État comprenait que la presse n’agissait plus en relais d’opinion — l’envoi massif de mails s’était imposé comme la solution la moins coûteuse et la plus efficace pour s’adresser directement au peuple.
La (...) -
anticipation #31 | des couloirs
Des couloirs, c’était ce à quoi on avait réduit cette ville — des longs couloirs sans début ni fin, et qui menaient toujours dans ces noyaux plus denses où se distribuaient d’autres couloirs. Des couloirs plus ou moins larges, plus ou moins denses, des couloirs plus ou moins éclairées dont la profondeur déterminait celle de la ville. Les ouvertures qu’on avait faites dans ces couloirs à hauteur d’hommes, on les avait nommées des portes, et à l’intérieur, on organisait la vie, l’espace privée qui donnait (...)
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anticipation #30 | le train
Le paysage était traîné sur des heures — derrière lui, il tirait le monde entier en ligne droite, horizontale, parallèle à l’avancée du train. Le front aux vitres comme les veilleurs de chagrin : mais ce qu’on veillait, c’était la longue plainte de cette ligne-là : l’horizon qu’on ne rejoignait jamais puisqu’on ne ferait que le longer à l’infini.
C’était le long défilé des terres et les bâtiments qu’on croisait l’espace d’une seconde ; espace qui finissait par les avaler la seconde suivante, on était déjà loin. (...)