arnaud maïsetti | carnets

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X.

vendredi 24 septembre 2004


Enfin et délivrée de nous cette heure est celle 

Qui déchire le temps et le fonde et la cause 

De cette seconde-ci isolée ombelle
Liminale secrète et délaissée 

J’oppose 

L’instant à l’image effacée du ciel 

Striée de l’absence d’écho et qui s’impose 

En moi théâtre mental des folies aux ailes 

D’aurore.
Ce soir.

Qui fut le premier.

Ils apporteront les nouvelles du désir épanché vulgairement comme on soulève un calice. Et comme on le renverse. 
Je n’avais jamais vu de sang répandu. 
J’ai soudain soif. 
L’après guerre continue, recommence je crois dès ce soir de guerre lasse. Et des mots s’ajoutent aux corps évadés loin de leur réveil. 
Veiller enfin car le feu n’attend pas 
veiller des heures sous la lueur épuisée des soleils d’hiver aux lèvres gercées veiller à l’ombre effrayée de l’arche pluvieuse des années au nombre de cent. 
Il aurait pu geler sur les lacs de brumes de ces siècles envahies par l’oubli et alors on aurait eu une idée de son visage et alors tout le monde aurait pu le voir dans sa pâleur immaculée emprisonnée de neige aurore aux doigts de sang piégée dans la glace 
et alors seulement tout le monde aurait été forcé d’avouer sa beauté de douleur et moi enfin j’aurais pu seul la porter en terre 
oui personne alors ne se serait réfugier dans le bel mentir des contes ignorés. 
Mais.

Ça n’aurait pas pu se passer autrement. Point final. 
Il fallait qu’un vienne et dise c’est ainsi qu’elle disparut.


XI.