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La Route, récit [#1]
lundi 27 février 2012
Sur la route encore, mais quel jour, je l’ignore. Je ne compte plus depuis le troisième jour. Le ciel s’ouvre. Derrière moi, le bruit de mes pas ; devant, quelque chose qui ressemble à mon ombre allongée que je ne cesse de rejoindre. Le soleil tombe. Ce pourrait être mercredi. Ce pourrait être dimanche. Je l’ignore. Le soleil tombe sur cela aussi. Moi, je marche.
Du premier jour, je me souviens. Du deuxième aussi, ce qu’il continuait. Le troisième a commencé un temps différent, ouvert sur une durée infinie, impossible à compter. C’est comme demander à quelque qui marche le nombre de ses pas depuis qu’il est parti. Il saura se souvenir du premier, du deuxième peut-être puisqu’il suit le premier, mais le troisième ? Ensuite, ce n’est qu’un seul mouvement qui l’emporte.
Sur la route tous les jours, je marche ; il y a de la lumière, je la suis. Elle dit la direction. Elle dit : le jour continue. Alors moi, je continue la route aussi.
Je passe par des villes ; il y en a tant par ici. Entre les villes, c’est parfois encore des villes, d’autres villes plus minuscules, traînées de poudre qui les prolongent. Plus souvent, il n’y a rien. J’avance sur la route, il n’y a que de la route. À gauche, à droite, la terre. Devant moi, la lumière recule sous mes pas.
Pourquoi je suis parti, je ne saurai pas vraiment l’expliquer autrement que par la présence de cette route trouvée un jour devant moi. Quand on me demande d’où je viens, je ne dis rien, je fais le geste pour montrer la route, on se tait. Que pourrait-on ajouter de plus ? Rien. On me laisse passer.
La lumière tombe sur la route comme pour me la montrer, une dernière fois. Je la regarde lentement. Quand elle disparaît là-bas, je me couche, ici. Je ferme les yeux. La lumière revient, se pose sur moi. Je me relève aussi. Je marche.
Dans ces villes que je traverse, quand on ne me demande pas d’où je viens, on me demande où je vais : je pourrais, dans le même silence, et avec le même geste, montrer la lumière devant moi. Mais dans le même silence, je ne fais pas de geste, je continue,