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La Ville écrite | [bruit de feuille qu’on arrache]

vendredi 5 octobre 2018

« ils marchent ils avancent
ils signent du bout des lèvres leur projet pour le siècle
qu’on lit les yeux crevés » Noir Désir

Sur l’affiche illisible, quelques mots pourtant qui arrachent à l’illisible ce pour quoi elle a été déposée là, un temps, fragile et provisoire, tenace pourtant puisque je me tiens devant elle et que je tâche de déchiffrer entre les déchirures les mots qui disent la colère quand elle voudrait se tenir devant le monde, tâchant de rendre lisible les déchirures qui strient toute cette vie autour de nous qui nous déchirent.

[/le temps
les salariés
nous sommes
nous enferme
cheminots
n’en pouvons
droits politiques
capitalistes
que nous
la pauvreté
symbolise
jeunes
qui sont
/]

La ville est ce grand mur déchiré avec les ongles, les mots restent, les traces plutôt ; et nous face à tout ces déchets qui fabriquent la réalité, il faudra choisir les mots, ceux qui restent, et se baisser lentement, et les prendre avec soi, et les emporter, et les trainer quelque part où on tombera à notre tour, comme la nuit tombe, ou comme on arrache de la ville avec ses ongles et avec son sang, on dessine les mots qui lui font honte mais qui restent pour mieux la nommer – et qu’un vienne et les boive.