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La Ville écrite | Mordre
vendredi 30 décembre 2016
Tristan Tzara, Littérature
Mordre la ville : déchirée en deux, la ville, entre ses murs et ses rues, plaies à travers lesquelles ils passent, ceux qui intérieurement sont mordus par la ville elle-même, qui en eux passe : et dans ces déchirures striées, d’autres morsures encore : celles qui n’existent pas encore.
Ils sont lâches et n’ont pas le courage de mordre les gens eux-mêmes.
August Strindberg, Journal occulte
Mordre : c’était le mot d’ordre. Aller dans l’épaisseur des choses et aller encore, davantage, et davantage mordre. C’était rejoindre. C’était – non pas ne faire qu’un mais – se confondre avec. C’était aussi : déchirer dans la plaie même des choses et ouvrir en deux, multiplier le sens de la vie, en disperser les possibles. Mordre toujours, et à jamais être la morsure et ce qui mord, conjurer la mort qui achève tout, cicatrise et endort, quand mordre fait battre la pulsation des choses en soi toujours vives.
mais ne peut mordre seulement qui veut être mordu.
Saint Augustin, Sermon