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La Ville écrite | mourir à Marseille

vendredi 24 août 2018

Les balles tuent, l’indifférence enterre. Des enfants de vingt-sept ans, de trente-deux ans, de vingt-deux ans. Quand ils tombent, on regarde ailleurs ; on dit règlement de compte comme si ça suffisait à les solder ; on dit : c’est entre eux, comme si ça ôtait la peine, et le gâchis. On salue les chiffres en baisse. On dresse le bilan d’opérations de police. On se serre la main en gants blancs d’officier. On jette de la terre sur les morts en disant bien fait pour eux. Les murs de la ville semblent porter parfois le chiffre des morts comme on compte les jours en prison en rayant avec lassitude un jour de plus, un jour de moins.

Vivre à Marseille n’est pas mourir : mourir à Marseille pourtant est une part de cette vie, contenue dans des quartiers tenus soigneusement à distance par un pouvoir qui s’exerce surtout contre eux. Vivre à Marseille, disent-ils : mourir à Marseille est un crime commis aussi par ceux qui les regardent tomber avec indifférence.


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