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[ Phrases ]
phrases — essais successifs de bougé du réel
Et récurrence de la figure de Rimbaud
(fra-z’) s. f.
1° Assemblage de mots formant un sens complet, distingué de la proposition en ce que la phrase est surtout considérée grammaticalement, et la proposition, logiquement.
Fig. Varier la phrase, ne pas faire exactement la même chose.
- Quand le monde sera réduit en un seul bois noir pour nos quatre yeux étonnés, – en une plage pour deux enfants fidèles, – en une maison musicale pour notre claire sympathie, - je vous trouverai…
A. Rimb., ’Phrases’
Phrases qui viennent, avec ces images et ces impressions tenaces, dans l’état de veille qui suit le réveil, cet état qui n’appartient pas au matin — je noterai ces phrases, avec leurs images, dans leur rythme propre qui n’est pas celui de mon écriture ou ma respiration, comme pour en finir avec elle et continuer le jour, comme si j’en guérissais mal. Jamais pensé les consigner ici jusqu’à une lecture récente, qui dévisage. S’en tenir à une phrase, puisque c’est ainsi que le rêve passe, dans une syntaxe à mes yeux incompréhensible, et que je recueille, retranscris, à laquelle j’assiste.
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[ phrases ] #7 — rêves de draps défaits
C’est une ville banche et grise
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[ phrases ] #6 — rêves de fraudes
Couloirs comme on s’y enfonce, un couloir après l’autre et même dans l’autre engagé, étroits et plafonds bas, murs carrelés, image parfaite de la mémoire quand on veut s’imaginer sa forme, et qu’elle apparaît quand on ferme les yeux dans la nuit noire sous cette image parfaite de couloirs ainsi enfoncés les uns dans les autres, étroits, bas de plafond, murs carrelés qui tournent, et vont, descendent sans fin mais la pente est si légère qu’on dirait se décharger d’un souvenir à chaque pas tant on descend (...)
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[ phrases ] #5 — rêves de départs
La hauteur des murs, le bruit du vent, le visage de quelques hommes, le corps de toutes les femmes, les reflets dans les tours, la musique partout à chaque coin de rues, des rues à chaque femme, des visages sur chaque affiche, des affiches au-dessus de chaque porte, et de la neige parfois, mais la chaleur suffocante, et du bruit toujours, et comme l’odeur de brûlé, et tant de beauté enfin qu’on s’y arrêterait pour la prendre et l’emporter loin, oui, mais loin, on y était, et c’était sans doute la (...)
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[ phrases ] #4 — rêves de souillure
Blancheur du monde dans laquelle personne ne pourrait se cacher, monde plus blanc encore que l’idée même de blanc, le sol, le plafond, les murs, mais des murs qui n’entourent rien, pas des murs donc, simplement une surface mate de choses et de vie qui ne représente rien, c’est cela, oui, toute une matière immobile où rien ne pourrait être représenté sans souiller tout, et tu entres ici, et ton ombre se répand et couvre peu à peu l’espace de tes pas, de ta respiration, puis de ton ombre qui s’efface sous (...)
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[ phrases ] #3 — rêves de cendre
À chaque carte retournée : toujours l’envers — le tarot ne ment pas, surtout quand il est divinatoire ; je suis seul dans ma chambre – je ne la connais pas, ne l’ai jamais vue, sûr cependant que c’est la mienne : il n’y a aucune photo, ni fenêtre, ni bureau, un seul lit minuscule, et une lumière qui vient du plafond haut : oui, c’est bien ma chambre –, et je tire les cartes, je sais la question que je leur pose (mais je l’ai oubliée au réveil), et les quatre cartes sont posées devant moi, face contre (...)
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[ phrases ] #2 — rêves de boue
Seul, dans l’agitation historique
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[ phrases ] #1 — rêves de fuite
Lorsqu’il ouvrit les yeux sur le jour suivant