[Tondi] | portant les dieux

sont les messagers, mais sans mémoire, oubliant qu’ils portent sur eux des dieux avachis pesant le poids d’un âne mort, et ils le sont, morts, si ce n’est ânes, le bruit des pas avançant dans la poussière faisant croire qu’il s’agit de leur respiration, mais non, avançant dans ce bruit, oubliant bientôt le message qu’ils portaient et le nom de leurs dieux, oubliant alors les dieux, pensant qu’ils portent leur propre corps et alors rêvant sans lever la tête au ciel qu’ils voient tomber dans les flaques de boue qu’ils n’enjambent plus, cherchant seulement un endroit à dormir, peut-être au détour de cette route, oui, peut-être plus loin, qui sait, trouver un toit, un lit, toute une ville autour répandu, on y ferait nos vies, on s’enterrera, on déposera les prières, on creusera dans la boue, on y trouvera peut-être le message que nous portions, mais destiné à qui ?