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À un ami | « Les partisans de l’attente »
jeudi 6 novembre 2014
Les partisans de l’attente ont toujours conçu l’adjectif « blanquiste » comme une insulte sans appel. Les plus purs d’entre les anarchistes le tiennent pour un synonyme de « jacobin », tandis que les staliniens l’emploient, eux, comme équivalent d’« anarchiste ». Les imbéciles cultivés de l’Encyclopédie des Nuisances, qui ont depuis vingt ans le courage lucide de parier sans relâche sur la contre-révolution, ont parlé du « blanquisme imaginaire » de Unabomber pour mieux se dissocier de ses gestes, et introduire ainsi leur traduction grossièrement falsifiée de son Manifeste.
Pour les marxistes, « blanquiste » est plutôt synonyme de « putschiste » et voudrait dénoncer un aventurisme d’avant-garde, une hâte de s’organiser peu soucieuse de théorie alors que les masses ne sont toujours pas prêtes. Toute cette confusion de surface n’a aucun intérêt. « Allons ! de la patience, toujours ! de la résignation, jamais ! », telle est la façon blanquiste. L’alternative n’est pas entre l’attente et l’activisme, entre participer aux « mouvements sociaux » et former une avant-garde armée, elle est entre se résigner et s’organiser. Une force peut croître de façon sous-jacente, selon son rythme propre, et fondre sur l’époque au moment opportun.
Si la réussite du coup d’État d’Octobre a valu aux bolchéviques l’admiration d’une foule de suiveurs et d’arrivistes de toutes nationalités, les tentatives malheureuses de Blanqui, en entourant son nom de cette aura maudite, eurent au moins le mérite d’éloigner de lui cette race-là de cloportes. Dans son texte Sur la lutte armée en Europe occidentale, la Fraction armée rouge cite un passage du fameux article de Lénine sur la guerre de partisans :
« Dans une époque de guerre civile, l’idéal du parti est un parti combattant militairement. [...] Au nom des principes du marxisme, nous exigeons catégoriquement qu’on n’esquive pas l’analyse des conditions de la guerre civile au moyen de clichés et de phrases rebattues sur l’anarchisme, le blanquisme, le terrorisme et qu’on ne vienne pas agiter devant nous l’épouvantail de certains procédés absurdes appliqués, dans la guerre de partisans, par telle ou telle organisation »