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À un ami | « Les partisans de l’attente »
jeudi 6 novembre 2014

Texte repris en introduction à l’ouvrage Maintenant, il faut des armes,
textes choisi d’Auguste Blanqui paru aux éditions de La Fabrique en février 2007.
— 1. « Nous sommes encore affligés de bien des superstitions »
— 2. « L’universel désir d’être quelqu’un »
— 3. « Le moi m’a toujours laissé de glace »
— 4. « Dionys Mascolo a écrit sur Saint-Just une phrase qui vaut de Blanqui aussi bien »
— 5. « On se fourvoierait à réveiller au sujet de Blanqui le spectre du « Surhomme ». »
— 6. « La veille de la proclamation de la Commune »
— 7. « Enfoncés les romantiques ! »
— 8. « Les partisans de l’attente »
— 9. « Qui se résorbe en un destin se trouve de plain-pied avec ceux qui le partagent. »
— 10. « Lacambre, Tridon, Eudes, Granger, Flotte, la plupart des conspirations de Blanqui ne sont au départ que des amitiés »
— 11. « Les ratiocinations du ressentiment ont l’art d’inverser les relations logiques. »
— 12. « Tous les textes de Blanqui sont des textes circonstanciés. »
— 13. « Le temps passe. C’est sa nature. »
— 14. « Décembre 2006. Le navire national fait eau de toutes parts. »
Les partisans de l’attente ont toujours conçu l’adjectif « blanquiste » comme une insulte sans appel. Les plus purs d’entre les anarchistes le tiennent pour un synonyme de « jacobin », tandis que les staliniens l’emploient, eux, comme équivalent d’« anarchiste ». Les imbéciles cultivés de l’Encyclopédie des Nuisances, qui ont depuis vingt ans le courage lucide de parier sans relâche sur la contre-révolution, ont parlé du « blanquisme imaginaire » de Unabomber pour mieux se dissocier de ses gestes, et introduire ainsi leur traduction grossièrement falsifiée de son Manifeste.
Pour les marxistes, « blanquiste » est plutôt synonyme de « putschiste » et voudrait dénoncer un aventurisme d’avant-garde, une hâte de s’organiser peu soucieuse de théorie alors que les masses ne sont toujours pas prêtes. Toute cette confusion de surface n’a aucun intérêt. « Allons ! de la patience, toujours ! de la résignation, jamais ! », telle est la façon blanquiste. L’alternative n’est pas entre l’attente et l’activisme, entre participer aux « mouvements sociaux » et former une avant-garde armée, elle est entre se résigner et s’organiser. Une force peut croître de façon sous-jacente, selon son rythme propre, et fondre sur l’époque au moment opportun.
Si la réussite du coup d’État d’Octobre a valu aux bolchéviques l’admiration d’une foule de suiveurs et d’arrivistes de toutes nationalités, les tentatives malheureuses de Blanqui, en entourant son nom de cette aura maudite, eurent au moins le mérite d’éloigner de lui cette race-là de cloportes. Dans son texte Sur la lutte armée en Europe occidentale, la Fraction armée rouge cite un passage du fameux article de Lénine sur la guerre de partisans :
« Dans une époque de guerre civile, l’idéal du parti est un parti combattant militairement. [...] Au nom des principes du marxisme, nous exigeons catégoriquement qu’on n’esquive pas l’analyse des conditions de la guerre civile au moyen de clichés et de phrases rebattues sur l’anarchisme, le blanquisme, le terrorisme et qu’on ne vienne pas agiter devant nous l’épouvantail de certains procédés absurdes appliqués, dans la guerre de partisans, par telle ou telle organisation »
