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à l’inespéré
mercredi 6 septembre 2017
Un lieu. Pour le silence d’Hölderlin. Pour le bruit des voix et le mouvement d’acteurs-chanteurs parlant, chantant, se mouvant, en reviendraient alors au silence, au lieu, à l’inespéré.
Didier-Georges Gabily, « Pour la Chartreuse », avril 1993, (in Notes de travail, Actes Sud, 2003, p. 65.)
est-ce à cause de ces jours qui donnent l’illusion de tout recommencer, ou que tout recommence, ou parce que tout recommence vraiment (tout à l’heure, j’ai souhaité bonne année à *** que je n’avais pas vue depuis juin), est-ce à cause de ce texte de Gabily sur la solitude et le travail, qui termine par la révérence à l’inespéré, est-à cause du vent tombé ici en même temps qu’il se levait aux Antilles emportant tout (et cette pensée : est-ce le même vent ? est-ce un autre), est-ce à cause de l’habitude qui facilement revient : la voiture, la radio, se garer, l’université, le retour, la route de nouveau et les virages qu’on connaît par cœur – il faudra écrire sur les routes qu’on prend chaque jour et ce qu’elles font au corps, le soir –, la fatigue, déjà, et les ruses qu’on prend contre elle, et regarder le ciel quand même,
est-ce à cause de ce qui bouleverse les habitudes : la vie chaque jour neuve qui grandit à vue d’œil en soi et devant soi, le bouleversement, oui, de ce qui bouleverse chaque chose, et fait de chaque geste l’allégorie de tout : puisque tout est chaque jour neuf, naissance, enfance,
est-ce à cause de ma manie de chercher les causes et d’y traquer les devenirs, est-ce à cause de l’impression d’être au seuil de quelque chose qui va se rompre dans ce monde : et qu’il suffirait d’un rien, une manifestation, une goutte d’eau dans le vase plein des choses inertes pour que ce monde-là enfin s’affaisse, et qu’on en relève un autre, un qu’on aurait choisi pour lui-même, est-ce à cause du soleil qui tombe plus lourdement déjà, des feuilles moins vertes que jaunes : du fleuve que coule peut-être vers des nouveaux mondes où je ne suis pas, est-ce à cause de moi, est-ce à cause d’eux : et toutes ces questions tombées dans le sommeil d’hier, avec d’autres.