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calques
jeudi 17 septembre 2009
Données illisibles du monde — on est devant des filtres qui cachent d’autres filtres. Me souviens de cette exposition, les poèmes placés sur les tables, et sur chacun, un papier calque qui les masquait. Pour les lire, on devait appuyer le papier, le calque rendait visible, mais à travers une opacité qui les projetait, les extériorisait.
Au-dessus des toits, les nuages que cachent d’autres nuages : on est sous l’épaisseur de plusieurs toits, des fenêtres à double vitrage. On est protégé : au-dehors, les choses passent comme de plus loin, rien ne nous concerne ; le bruit du monde fait écran à son propre passage.
Mais je me tiens devant ce livre au voile déchiré, derrière on peut voir les êtres vibrer et se tendre, s’allonger ; la musique n’est pas assez forte pour l’empêcher. Dans le silence de la lecture, le bruit que fait l’incendie à se répandre ; celui des touches de l’ordinateur pour multiplier les parois — appuyer sur le calque pour mieux lire, le monde redevenu lisible, pour un temps.