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cette ville n’est pas la mienne
mercredi 7 avril 2010
Fermer le livre quand le jour est trop faible dans le Jardin Public pour pouvoir continuer. La ligne sur laquelle je m’arrête évoque la lumière du lundi de Pâques : première lumière de l’année qui modifie les perceptions de la ville — fin de l’hiver 1979.
Quand je sors du Jardin, affiches au mur, affiche aux couleurs passées posées avec soin place Bardineau — refondation de l’État, mobilisation des masses, êtes vous plus français que lui. Au fond de la place, des voitures garées à côté de modèles récents : tractions anciennes, carrosserie qu’on ne voit que dans les films — belles mais aussi terrifiantes que les affiches.
On sort vite de la place, on prend une rue, une autre pour se dégager de tout cela, comme on se secoue dans son rêve pour s’enfuir : alors qu’on sait bien que le corps, lui, ne bouge pas dans le lit. On avance : on se perd bien-sûr : rues Goya, Fourcaud, Paulin, Mondenard, Bersot ; rue Répond. Décidément, cette ville n’est pas la mienne : je ne reconnais aucun nom ; aucune plaque aux façades basses de pierres mal taillées, noires.
Heureusement, on finit par sortir d’ici — sur son téléphone, elle me montre une application capable de nous repérer, et de nous guider vers la sortie, en quelques minutes.