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dans le vent avenue de france à découvert (Si sur ce rivage, ici, mes empreintes)
mardi 23 avril 2013
bien avant que je passe, ici, aucun vent, et moi maintenant dans le vent, qui passe, et rien autour de moi que l’avenue de france, les yeux comme sous la pluie quand on ne peut les ouvrir, les fermer ; et à travers moi, un vent plus grand encore, et il ne pleut pas,
dans les feuilles des arbres, aucune feuille, et dans le vent, avenue de france à découvert, des immeubles (pas ceux-là) qui tiennent droit, comment font-ils, moi je penche, et le sol penche avec moi, alors on ne se rencontre pas, sauf peut-être dans le sable, mais la mer est loin maintenant, je l’entends,
je voudrai pouvoir ne pas vouloir vivre plus fort que ne vivent les arbres verts, mais non, et par ce désœuvrement qu’organise si violemment cette vie, ce dans quoi j’avance s’efface à mesure, et moi au-milieu d’une terre décentrée, Rome n’est plus dans Rome, qui n’est plus dans Rome, et l’herbe pousse sans bruit autour des marteaux-piqueurs de l’avenue de france,
rien vers moi ne se penche, les métros s’enfoncent, quelque part, inutiles, creusent ce qu’ils vident, et j’ai marché depuis avenue de france jusqu’à glacière ou corvisart jusque dans les cordelières, des mots comme des nouveaux mondes, replié dans ma gorge,
Si sur ce rivage, ici, mes empreintes,
Sur le sable, la mer en trois vagues, trois, les efface,
Qu’en sera-t-il sur la haute plage
Où la mer est le Temps ?
si c’est cela, alors je veux la quatrième, pour la boire entière, et embrasser ces larmes, lentement m’y mêler, lentement