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Jrnl | Deux dangers
[26·11·22]
samedi 26 novembre 2022
Deux dangers ne cessent de menacer le monde ; l’ordre et le désordre. Paul Valéry
C’est comme lorsque le temps là-bas s’effondre et qu’on se croit protégé puisqu’on le voit, que la seule vision nous offre le monde en notre pouvoir – sauf qu’au moment de se retourner, on se retrouve cerné : la nuit partout et même sur nous peut-être ; qu’il ne suffit pas de lever les mains vers le soleil tombant pour toucher le ciel, au contraire : il ne reste rien de ce qui avait fabriqué lentement tout un jour en entier, les ombres s’allongent terriblement sur le sol massacré, rien d’autre.
De retour du théâtre hier — tant pis pour moi encore —, quelques pensées adressées à la colère et à la tristesse comme toujours liées, sauf que cette fois, c’est avec tendresse aussi que je les acceptais : est-cela apprendre à mourir ? Alors soudain, à cette seule pensée venue, je me suis souvenu : j’étais de nouveau contemporain du jeune garçon qui a seize ans était sorti de ce spectacle précisément, lié pieds et poings à lui, quoi qu’il advienne : et la colère est revenue, et la tristesse, intactes, salvatrices.
Les cris des bêtes dans la nuit seule se confondent avec la solitude elle-même : même quand un chat hurle à la mort vers quatre heures du matin et que je l’entends — que je suis seul avec ce cri qui ignore que je l’entends.