arnaud maïsetti | carnets

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foules

mercredi 10 mars 2010

Les soirs de matchs, dans la ville, c’est le même grouillement : on voit des rangées de cars de police, des chiens, des foules emportées par le même pas vers le stade, de l’autre côté du cimetière près duquel je vis et d’où je les vois.

Dans le froid nouveau, le vent âpre, ils ralentissent à peine. Le soir, on entendra par moments des éclats de bruits, et de là où vient la lumière haute nous reviendra un peu le relent des défaites, des victoires, qu’importe demain on parlera du match suivant.

Mais cette agitation forcée des jours comme celui-là, devant le regard du policier armé presque, gilet par balles bien haut, casque vissé, et œil dressé — justifie-elle les mots qu’il lance au type allongé sur le sol, là, devant moi ; et comme il me regarde ensuite, le flic, fier de m’avoir quoi ? Ouvert le passage ?

À celui allongé par terre, je n’ai rien su dire, et je n’ai pas pu le regarder — ce soir, ce n’est pas le froid qui m’a fait rentrer plus vite ici, mais dans le dos, c’est la honte de partager le même trottoir que ces foules.