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Jrnl | Mais nous ne savons pas les entendre

[25•11•24]

lundi 25 novembre 2024


Un enfant m’a demandé autrefois : Pourquoi les fleurs, si belles, ne chantent-elles pas comme les oiseaux ?
Elles chantent, lui répondis-je, mais nous ne savons pas les entendre. 

August Strindberg, Inferno (1896)

De quel côté suis-je, des pierres, des routes ou des cimetières : je ne sais pas ; chaque seconde me fait balancer là ou ici — il faudrait, pour le savoir, savoir aussi ce qui préside au choix : la tendresse ou le goût du renoncement, l’orgueil. Je ne possède rien de tout cela. En sortant, un simple regard vers le ciel découpé suffit à m’emporter dans le jour, les tâches, le change donné aux choses. J’apprends à la radio qu’on ne trouve pas seulement du plastique dans le ventre des mers, mais dans les nuages, le cerveau, les fœtus. À la fin, si la jungle l’emporte, comme à Angkor, elle sera peuplée de sacs en plastique qui danseront seuls dans le vent : je suis du côté du vent, me dis-je au moment où je l’écris, et ensuite, je ne sais plus.

L’expression : à corps perdu. La ramasser, la prendre avec soi, la consoler : l’assassiner mieux.

Dans le journal de Kafka, ces pages sur Strindberg : il ne le lit pas pour le lire ou en tirer des leçons, mais pour reposer sur lui, « il me tient comme un enfant sur son bras gauche ». Dix fois, dit-il, il glisse de lui, et onze fois, il le rattrape au moment où il va toucher le sol. Je cherche quelqu’un qui serait comme Strindberg, et je ne trouve que Kafka, ses maux de tête, ses images, sa rage féroce d’enfant qui tombe.