arnaud maïsetti | carnets

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où sommes nous

jeudi 17 janvier 2019

Où sommes-nous
Ensemble, inséparables
Vivants vivants
Vivant vivante
Et ma tête roule en ses rêves

Paul Eluard, « Elle se penche sur moi »
(L’Amour La poésie, 1929)



Message to Bears, Wake me
(Folding Leaves, 2012)



Chaos de ces semaines (foules qui crient, vies qui basculent, corps qui au dehors, et au dedans, cherchent, appellent, désirent) ; vertige – le monde tourne, dit-on, à la vitesse du jour : et la nuit ? Regarder la lune pour trouver ce point fixe qui —

Dans les arbres, le vent secoue les feuilles absentes ; vers Noailles, tourner toujours la tête sous le pont du cour Lieutaud, la rue d’Aubagne. Marseille exacerbe les colères, les délires, les fureurs, les mélancolies (les désirs) : colères. Colères contre cette vie organisée contre nous ; colères. Pleurer de rage parfois : rien ne paraît à sa place.

Et puis c’est aussi l’éclat d’immenses joies au milieu des gouffres.

Est-ce que je suis ici ?

Il faudrait se poser comme on pose des questions ; il faudrait du temps, mais la seconde qui suit arrive si vite et renverse tout, jusqu’à la prochaine. Il faudrait moins de il faudrait ; des choix. Je pose cela ici (comme une cigarette cette fois). Il faudrait en finir avec les comparaisons comme une dernière demande.

Il y en aura une autre : comme on demande un autre jour à peine sorti de celui-là.

Est-ce que le temps accompli du temps ? Ou est-ce qu’il faut plier sur lui ? Est-ce qu’on est seul dans nos solitudes ? Où es-tu, toi (dans quel théâtre que dresse cette vie-là) ?

Les foules dans les rues crient le nom d’autres vies aussi.

Le début du poème : ce n’est pas une femme seulement, c’est la vie qui face à soi se tient, et nous regarde. Et juste avant de parler,

Elle se penche sur moi
Le coeur ignorant
Pour voir si je l’aime
Elle a confiance elle oublie
Sous les nuages de ses paupières
Sa tête s’endort dans mes mains