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plaine noire
lundi 5 octobre 2009
Je rentre. C’est l’endroit le plus reculé de la ville. Il y a, sur ma gauche, des bois, des longs bois sombres et hauts, des troncs plantés si serrés qu’on devine qu’il serait impossible d’aller plus loin que le regard, dix mètres qui s’arrêtent sur le noir le plus total, irrespirable de mousses froides. Des granges abandonnées font face à ces bois, sentinelles inutiles bientôt devenues bois elles-aussi, déjà traversées de fougères, creusées par les branches. J’avance (mais ne cesse pas de me retourner). Plus loin, le bois s’arrête, il laisse à la place un horizon de terres vides, en contrebas, à gauche, une maison, seule, et au loin, une autre maison, à droite de la route, plus seule encore semble-t-il. J’avance. Je sais que je rentre chez moi. Je laisse la maison sur la gauche, et celle sur la droite, je continue sur la petite route de terre, droite, gorgée d’eau. (Je sais que je rentre chez moi.) Maintenant, tout autour, c’est une sorte de plaine noire, la terre mal retournée, la route qui tourne et se perd dans un virage.