arnaud maïsetti | carnets

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reflections

mercredi 26 mai 2010



Reflections (Thelonious Monk, "Thelonious Alone in San Francisco")


On marcherait sur les reflets de la ville dont on brouillerait l’écume, ville qu’on piétinerait en même temps que notre visage — il n’y a pas de honte. On dessinerait avec tout notre poids les rides et les creux qui disent l’âge mieux que les années —

et on y mêlerait, en fredonnant un vieil air de jazz sans mélodie, des crachats d’enfant dans l’illusion reflétée du ciel auquel on ne croit pas une seconde, et dont on échangerait pour le moins du monde sa profondeur avec cette surface de béton qui tapisse les sols ici-bas ;

mais quand on se verrait, en baissant les yeux, les nuages derrière les cheveux, le reflet troublé et mouvant, on ne reconnaîtrait rien : ni la ville, ni le regard, ni l’eau même formé de tous les crachats innocents de semblables — on serait bien la honte bue du reflet : et nos sourires seraient des grimaces. L’eau du ciel, au moins, ne reflète pas.